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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 14:18

Pierre Suard, ancien PDG d'Alcatel Alstom, vient d'écrire un article dans les Echos sur la longue "agonie" industrielle du groupe. Il évoque notamment l'affaire judiciaire qui l'amena à quitter la direction du groupe en 1995. Naturellement, il est très perturbateur pour maintenir le cap du groupe de renvoyer un PDG devant un juge d'instruction qui décrète qu'il ne peut plus diriger le groupe, alors qu'il est seulement mis en examen et que sa culpabilité n'est prouvée en aucune façon.

 

Il apparait qu'il faut blâmer 1) M. Suard de n'avoir pas pensé à sa succession avant les événements – il aurait pu très bien être frappé d'incapacité de poursuivre son mandat et sa stratégie à cause d'un accident quelconque, et 2) le conseil d'administration d'avoir choisi Serge Tchuruk pour prendre sa place et de lui laisser carte blanche. Au lieu de poursuivre la stratégie de l'équipe Suard, M. Tchuruk a décapité la direction du groupe et changé totalement d'orientations en se concentrant sur les Télécoms.

On observera que M. Tchuruk n'avait aucune expérience du secteur, qu'il a cédé à la mode à la fin des années 90. Ce qui est totalement irresponsable de la part du patron d'un groupe de 200 000 personnes.

Maintenir le cap et travailler avec les équipes en place étaient la meilleure solution.

Nommer un haut dirigeant venant de l'interne aurait maintenu la confiance des équipes tout en modelant progressivement les stratégies du groupe. Il n'y avait pas d'urgence à opérer la chirurgie du Dr Tchuruk, qui litteralement ne savait pas ce qu'il faisait (parcours dans le pétrole – Total, Exxon, Mobil, et la chimie) et qui a été séduit au passage par Patricia Russo, présidente de Lucent, qui, à mon avis, cherchait un pigeon.

 

L'exemple du groupe Gould

 

Cela me rappelle l'histoire d'un autre conglomérat de technologie peu connu en France : le groupe Gould Inc. Celui-ci, à partir de positions fortes dans les batteries (curieusement comme Alcatel-Alsthom avec SAFT) et d'une fusion avec une société innovante de technologie (Clevite, Cleveland), a constitué un groupe via de nombreuses acquisitions d'ETI et PME de technologie. En fait, pendant 20 ans, les cash flows générés par les batteries (Gould était leader mondial) ont été réinvestis en permanence dans l'acquisition et le financement du développement de ces ETI et PME,

Jusqu'au jour où, surtout par mode, le PDG (W. Ylvisaker) a décidé de vendre les batteries comme étant "low tech" et de poursuivre vigoureusement dans les "hautes technologies". Très rapidement Gould a eu de gros problèmes de cash et a du appeler au secours un groupe japonais (Nippon Mining) qui l'a absorbée et a dispersé toutes les divisions qui ne l'intéressait pas. En quelques mois, un groupe de 2 milliards $ a disparu de la carte, à la fin des années 80. Naturellement la division batterie, société indépendante depuis 30 ans poursuit sa route avec succès !

 

Le conglomérat Alcatel-Alstom

 

On peut argumenter sur la justification d'un groupe de type conglomérat. Mais on observera que General Electric qui a longtemps cotoyé la Compagnie Générale d'Electricité (CGE) créée en 1898, et devenue Alcatel Alstom, a eu au long des décennies une structure et des métiers similaires : transport ferroviaire, centrales électriques, turbines, éclairage ... et poursuit sa route depuis sa fondation par Thomas Edison, avec un succès associant une très forte culture interne de management, une rigueur de gestion et une aptitude à remettre en question les orientations des business units pour le plus grand bonheur de actionnaires.

 

Ce n'était pas le cas d'un groupe comme Alcatel-Alstom avec une aristocratie d'X Mines qui détenait le pouvoir, était très proche des ministères (où il y avait autant d'X-Mines à des postes clefs) et était considérée comme un école de capitaines d'industrie capables de gérer n'importe quel ensemble industriel en connivence avec la DGA, le ministère de l'Industrie, le CEA, EDF, GDF, etc...

Il est certain que cette aristocratie a été la cause en partie du déclin d'une industrie française, sous capitalisée et sans stratège. Il manquait aux plus hauts postes, des connaisseurs intimes des métiers de leur groupe qui auraient su défendre une vision long terme, élargir leurs bases de clientèle (au lieu d'être soumis aux commandes publiques) et résister à la pression des actionnaires en colère.

 

La vente à Nokia

 

On peut dire que cette ère malheureuse touche à sa fin avec la vente d'Alcatel-Lucent à Nokia. Nokia est un groupe d'une toute autre culture, issu de l'exploitation des forêts de Finlande, qui a su se réinventer plusieurs fois.

L'aristocratie des X-Mines a perdu une grande partie de ses pouvoirs et a laissé la place à de vrais hommes de marché et de produit, comme l'HEC Henri Proglio à l'EDF.

Un groupe comme Areva, n'a pas par contre effectué sa mutation.

On notera que Christophe de Margerie, ESCP, qui a fait toute sa carrière au sein du groupe, était une aberration à la tête de Total. Et dès sa disparition, on a réglé le "problème" en deux jours et nommé un X-Mines issu du raffinage (le segment d'avenir du groupe ?) à sa place, ce qui à mon sens est un retour en arrière.

 

Il faudra bien un jour que l'on arrête ces parcours alternants entre les postes de hauts fonctionnaires et les directions de grands groupes (pour les X comme pour les énarques). C'est aux actionnaires de mieux contrôler qui siège aux conseils d'administration et aux administrateurs de remplir plus sérieusement leurs fonctions. Le nombre de cumulards est d'ailleurs à la baisse, notamment grace à la loi imposant la féminisation des conseils ainsi que l'internationalisation des grands groupes qui recrutent des administrateurs de tous pays.

 

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 18:30

Il y a quelque temps déjà, l'Association Valentin Haüy (AVH), l'association leader en France pour le soutien des non voyants, s'est débarrassée de son importante bibliothèque de livres en braille et l'a remplacée par un service d'impression à la demande. Ce qui l'a motivée, c'est d'abord le fait que la demande de livres en braille est en baisse puis que cette bibliothèque occupait un espace considérable ; un livre en braille réalisé sur du papier plus épais que normal avec des caractères qui occupent un espace de 6x10mm (y compris l'interligne et l'inter caractère), occupe un volume 8 fois plus important qu'un livre normal.

On peut comprendre qu'avec l'arrivée de livres numériques et de dispositifs braille connectés à un PC, les livres en braille sont devenus moins demandés. Au milieu des années 90, le format daisy a été inventé et s'est imposé, à cause de sa facilité d'utilisation par les non voyants et ses possibilités de navigation de page en page. Les lecteurs daisy compacts et peu coûteux (350 € en moyenne) permettent d'écouter et de lire toute une bibliothèque de livres numériques stockés sur une carte SD de plusieurs dizaines de gigaoctets.

Mais en parallèle avec les bibliothèques numériques, l'AVH maintient un service d'impression à la demande pour produire des livres en braille avec des imprimantes braille à grande vitesse.

 

On peut dire que le monde de l'édition pour les aveugles a une longueur d'avance sur le monde de l'impression "en noir" (comme on l'appelle par rapport au braille) : ce dernier s'intéresse de plus en plus à l'impression de livres à la demande. En effet, la distribution du livre se trouve placée dans une situation charnière : d'une part, elle est concurrencée par les distributeurs en ligne – FNAC, Amazon, qui ont les moyens de stocker et livrer rapidement n'importe quel ouvrage, d'autre part, le nombre d'ouvrages publié chaque année augmente constamment. Le libraire traditionnel risque de se trouver plus souvent en rupture de stock, à moins de constituer un stock toujours plus important, avec le corollaire que la rotation diminue et le coût de cet inventaire augmente. L'impression à la demande sur place, dans la librairie elle-même, serait-elle la solution pour les ouvrages les moins demandés ?

 

Lors du récent salon du Livre, une imprimante spéciale, l'Espresso Book Machine a fait parler d'elle. Présente sur les stands de PUF et de la Martinière, il semble que l'on en faisait la découverte. Un bureau d'études de l'Union des Imprimeurs de France l'a identifiée comme la solution pour équiper les libraires qui souhaiterait se lancer dans l'impression à la demande. En fait, il s'agit d'un système inventé au début des années 2000 par Jeff Marsh, à Saint Louis (Missouri) et dont le premier prototype a été installé dans l'atelier d'édition de la Banque Mondiale à Washington en 2006. Le prix d'un système est de l'ordre de 65 000 € et seuls 70 ont été vendus depuis 2006 par ODB (On Demand Book). Six systèmes sont déjà présents en France exclusivement dans des écoles d'imprimerie. Au départ, un partenariat avec Xerox qui fournit la machine d'impression rapide (100 pages par minute), s'est mis en place et ODB en espérait un développement commercial rapide. Cela ne s'est pas produit.

Pour l'instant, le système ressemble toujours à une machine plus ou moins prototype et son coût la met hors de portée des libraires.

 

Peut-être y a-t-il une opportunité pour un système en réseau où seule la machine d'impression (en leasing avec Xerox ou autre) et un terminal seraient présents dans la librairie ? Avec une connexion fibre optique, on peut imaginer un serveur central recevant les ordres d'impression venant d'une librairie et transmettant les données à la machine locale, sans que la vitesse d'impression en soit réduite (5mn pour une livre de 300 pages). Cette idée n'a semble t'il pas émergée à ce jour.

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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 19:52

Fondée en juin 2013 par Hubert Thomas et Matthieu Kerhuel, ingénieur de Centrale Lyon, A2V (Advanced Aerodynamic Vessels) vient de dévoiler le 25 mars son premier prototype : un catamaran de 10,5m de long propulsé par 2 moteurs de 200 ch, embarquant 6 personnes. Il serait capable d'aller à 40 noeuds en consommant deux fois moins de carburant que les ferries rapides qui relient les iles au littoral.

 

Le principe permettant cette économie est l'utilisation de la portance aérodynamique du navire pour alléger la trainée dans l'eau. A mesure que le bateau accélère, la portance augmente et la coque se soulève lui permettant d'atteindre des vitesses élevées avec une consommation limitée.

 

Ce projet est soutenu par plusieurs "parrains" : l'Ecole Centrale de Nantes et l'incubateur Atlanpole, la start-up HydrOcean qui a validé la conception du prototype sans maquette de bassin, le chantier Fernand Hervé de La Rochelle qui l'a construit en composite, en 6 mois, des fonds privés qui ont apporté un million d'euros et des aides de la BPI à hauteur de 200 k€.

 

Photo : Yves Gaubert

 

HydrOcean

 

Créée en juillet 2007 par Erwan Jacquin, ingénieur et docteur de l'Ecole Centrale de Nantes, HydrOcean travaille en partenariat avec le Laboratoire de Mécanique des Fluides (ECN/CNRS) de l'Ecole. Avec des technologies de simulation numérique issues de ce laboratoire, elle développe et conçoit des navires, des bateaux de plaisance, des plates formes pétrolières, des éoliennes marines.

Comme dans beaucoup de domaines, la simulation permet de gagner du temps, de réduire les coûts de développement et notamment d'économiser les essais en bassin de carène.

Après 7 ans, HydrOcean est un bureau d'études en pleine croissance avec un chiffre d'affaires supérieur à 2,5 M€, un équipe de 21 personnes, dont 10 docteurs et 9 ingénieurs.

 

Les projets d'A2V

 

Cet été, le prototype bardé de capteurs va effectuer des essais en mer qui vont permettre de valider les prédictions de la simulation et de passer à la taille supérieure.

Plusieurs marchés sont envisagés : celui des travaux et forages en mer, avec des bateaux de service de 25m capables d’atteindre 60 noeuds et de transporter 60 personnes ; les navires à passagers classiques, avec une capacité allant jusqu’à 100 places ; la grande plaisance, où le nouveau concept pourrait séduire les propriétaires de yachts ; le domaine militaire et paramilitaire, dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie et le narcotrafic.

 

On peut tout de même se demander comment un tel bateau se comportera par mauvais temps, avec une mer démontée et un vent soufflant en tempête. N'y a t'il pas de risque que la coque se désintègre sous l'effet des chocs et des efforts face à la houle et au vent ? Il faudra sûrement équiper les bateaux d'éléments de sécurité qui moduleront la vitesse en fonction des conditions de navigation.

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 12:18

Depuis plus de dix ans, les dirigeants et chefs d'entreprise expérimentés qui souhaitent investir dans des start-ups et participer à leur développement, s'associent dans des fonds d'investissement bien particuliers. A la différence des fonds traditionnels où les gestionnaires ne sont pas des investisseurs mais des financiers, les associés et investisseurs de ces fonds participent activement aux décisions d'investissement et ont effectivement un rôle opérationnel dans les entreprises où les fonds ont investi. Et certains institutionnels comme SCOR ou Aviva ainsi que des grandes familles, vont les rejoindre, faisant confiance à l'expérience opérationnelle d'anciens patrons.

Et ces anciens patrons sont là pour aider les créateurs d'entreprise à surmonter les obstacles lors des premières années de développement ou même à redresser une situation compromise.

 

La force de frappe de ces fonds est sans commune mesure avec celle des clubs de business angels. Ils peuvent accompagner les start-ups dans la durée, de l'amorçage au développement. Ce sont généralement des investisseurs de long terme, qui ne sont pas contraints par un calendrier de retour des fonds aux souscripteurs comme le sont de nombreux fonds à risque.

 

Parmi ces fonds on peut citer : Aurinvest, Agregator Capital, Pleiade Investissement, Fa Dièse.

 

 

Aurinvest

Agregator Capital

Pleiade Investissement

Fa Dièse

Création

2001

2002

2000

2001

Investisseurs

60 dirigeants

400 dirigeants et entrepreneurs

20

50

Montant géré

40 M€

400 M€

90 M€

40 M€

Secteurs cibles

NT et sciences de la vie

Tous secteurs excepté biotech, matières premières et industries lourdes

PME en développement, logiciels, services, industrie

Technologies industrielles et sciences de la vie

Tickets types

1 à 2 M€

2 à 5 M€

2 à 5 M€

1,5 M€

Nombre de participations

25

100

10

25

 

Note : les chiffres de ce tableau sont pour certains des estimations à partir d'informations obtenues via Internet.

 

Lorsque nos amis entrepreneurs sont à la recherche de partenaires pour financer leur croissance, ces fonds sont une option intéressante, un cran au-dessus de ce que peuvent apporter les business angels.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 21:14

Depuis quelques années, l'impression 3D fait parler d'elle. En fait, elle existe depuis plus trente ans mais était cantonnée au domaine de la réalisation de prototypes et de pièces spéciales en très petites quantités destinées aux entreprises.

Eric Careel en lançant Sculpteo en 2009, un service en ligne de réalisation de pièces pour des particuliers, a commencé à populariser l'impression 3D auprès du grand public. Maintenant, c'est un sujet dont se sont emparés les politiques notamment dans les "34 plans de la nouvelle France industrielle".

 

Et depuis mai 2013, le Groupe Gorgé s'y intéresse en rachetant une toute jeune pousse : Phidias Technologies qu'il rebaptise Prodways. Cette jeune pousse a été créé par André-Luc Allanic qui est un des pionniers de l’impression 3D en Europe. Avant cela, il avait fondé Optoform en 1997 avec Philippe Schaeffer et l'avait vendu à 3D Systems en février 2001. Ce rachat a permis à 3D Systems d'intégrer la technologie d'impression 3D d'Optoform et de mettre en oeuvre de nouveaux matériaux d'impression : céramiques, métaux, composites.

Il semble que, grâce à ce rachat, 3D Systems a pris de l'avance sur ses concurrents.

 

André-Luc Allanic est resté quelque temps avec 3D Systems en tant que « Principal Scientist » avant de reprendre sa liberté et de créer Phidias Technologies.

Selon les déclarations lors du rachat par le Groupe Gorgé, A-L. Allanic souhaitait céder son entreprise et sa technologie à un groupe français capable de poursuivre le développement en France, d'un acteur important en impression 3D.

Prodways a ainsi développé des imprimantes de très haute résolution, capables pour les plus grandes de réaliser plus d’un demi-milliard de pixels par couche, sans augmenter le coût ou le temps de fabrication (technologie MOVINGLight®).

 

Le Groupe Gorgé manifeste une volonté claire d'investir et de développer rapidement Prodways, en recrutant des spécialistes, en ouvrant une filiale aux Etats-Unis en mars 2015 et en s'implantant en Corée via des distributeurs. Les ventes en 2014 ont atteint 5 millions € (dont 2,5 M€ au 4è trimestre) contre 100 000 € en 2013 ! Et sur les 2 premiers mois de 2015, les ventes seraient supérieures à celles du premier semestre 2014.

La chance de Prodways est qu'elle s'appuie sur un groupe ayant de solides ressources, un chiffre d'affaires de 223,3 M€ en 2014 (214,5 M€ en 2013)

 

L'histoire du Groupe Gorgé

 

L'aventure entrepreneuriale de ce groupe a débuté en 1990 par le rachat par Jean-Pierre Gorgé d'une petite société de robotique industrielle de 80 personnes qu'il a baptisée Finuchem. X et Sciences Po, J.-P. Gorgé a d'abord évolué à la DGA et au ministère de l'Industrie, puis au sein d'Alstom et Rhône Poulenc. Puis en 1992, il rachète ECA, un spécialiste des systèmes intelligents de sécurité, puis deux spécialistes de la robotique industrielle : Polymatic, en 1996 et Cimlec, en 1998. Finuchem puis ECA sont introduits en Bourse, respectivement en 1998 et 2004.

A ce moment, J.-P. Gorgé cède la direction opérationnelle à son fils Raphael, ingénieur de Centrale Marseille, et s'oriente vers une nouvelle aventure avec Auplata, un producteur d'or en Guyane française. Un holding familial, Pelican Venture coiffe tous ces investissements.

Avec l'arrivée de Raphael Gorgé, qui vient du monde du capital investissement, le groupe amorce son désengagement de la robotique pour l'automobile, qui est achevé en 2008. En dix ans, le groupe multiplie sa taille par 4 en se concentrant sur 3 segments et change de nom en Groupe Gorgé : la robotique de déminage sous-marin, le leadership mondial des portes de haute sécurité pour le nucléaire (après le rachat de Balisco en 2009) et le leadership européen des drones terrestres, marins et sous-marins.

 

En parallèle, le Groupe a repris en 2005, un spécialiste des robots de manipulation de plaquettes de silicium, la société Recif Technologies créée en 1991, alors en difficultés. Recif a été repris par Pelican Venture en 2009.

 

Dans la foulée de cette histoire assez mouvementée, le groupe se lance dans l'impression 3D en 2013. Et il vient d'annoncer l’acquisition d’Initial, un acteur important de la fabrication de pièces par impression 3D, situé à Annecy, et de Norge Systems, une start-up anglaise spécialisée dans la conception d’imprimantes 3D utilisant le frittage laser de poudres plastiques.

 

Face à des concurrents extrêmement agressifs comme les américains 3D Systems et Stratasys qui sont les leaders mondiaux actuels, j'ose donner une bonne chance au Groupe d'atteindre son objectif de devenir le 3ème mondial. Il en a la volonté entrepreneuriale et les ressources financières. Par contre, le marché français est fortement en retard avec seulement 3% du parc machines mondial, les Etats-Unis étant largement en tête avec 38% suivis du Japon et de la Chine (9% chacun). C'est sans doute une opportunité, mais il faut que les entreprises françaises investissent !  La croissance actuelle du marché est évaluée à 35% par an. Il faut donc aller encore plus vite pour prendre des parts à la concurrence. Mais dans ce type de situation, les positions peuvent évoluer très rapidement.

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 22:34

Plusieurs études récentes tendent à démontrer que les entreprises où l'encadrement est plus féminisé sont plus performantes.

 

La mixité hommes-femmes favorise le changement dans les entreprises

 

En particulier, l'association GEF (Grandes Ecoles au Féminin) qui regroupe les diplômées de 10 grandes écoles bien parisiennes, vient de dévoiler une enquête sur la mixité hommes-femmes. Cette enquête menée par IPSOS, a permis de tester un certain nombre d'hypothèses :

- une large majorité confirme que la mixité est un levier important du changement dans les entreprises (70% des hommes et 87% des femmes),

- la mixité permet d'élargir le vivier des talents, de gagner en agilité par la plus grande variété des idées et d'imaginer d'autres formes de leadership.

Cette enquête ayant été menée auprès de diplômés des mêmes écoles, on pourra juger que cet auditoire est plus ouvert que la moyenne vers une meilleure diffusion de la mixité en entreprise. Mais ce sont des cadres et des dirigeants qui donc ont la possibilité de faire bouger les choses.

 

L'enquête fait également ressortir les principaux freins à cette évolution : un très large consensus s'accorde sur l'idée que la mixité progresse dans les organisations depuis 10 ans, elle progresse surtout au niveau des discours !, du recrutement des femmes dans les organisations, mais moins au niveau des nominations des femmes à des postes de responsabilité, de l'égalité salariale et des avantages sociaux. Et pour 97% des femmes et 82% des hommes, il reste encore beaucoup de progrès à faire. Encore une fois, les réponses sont certainement guidées par un sens de l'ouverture que l'on s'attend à trouver chez les diplômés des grandes écoles.

 

Le frein majeur au développement de la mixité reste l'existence de nombreux stéréotypes mais pas seulement : que les hommes ont encore tendance à se coopter, que les modes traditionnels de décision et de management évoluent peu, les femmes restent souvent en retrait (selon une majorité de femmes), il est difficile de recruter des femmes dans certains secteurs (selon une majorité d'hommes).

 

Les stéréotypes masculins les plus souvent cités sont : les hommes sont disponibles, veulent privilégier leur carrière professionnelle, sont attirés par le pouvoir, ils sont sûrs d'eux (selon 35% des femmes).

Les stéréotypes féminins sont : les femmes privilégient la vie familiale, ne sont pas disponibles, manquent de confiance en elles, montrent leurs émotions, ne sont pas carriéristes avec pour tous ces stéréotypes, une appréciation beaucoup plus forte de la part des femmes que des hommes. On peut en déduire que, selon les femmes interviewées, ce sont les femmes elles-mêmes qui se limitent à cause leurs stéréotypes.

Et tous en concluent que ces stéréotypes sont préjudiciables aux organisations, notamment en se privant de certains talents et d'autres formes de leadership.

 

Si nous n'étions pas convaincu, cette étude va largement nous persuader que plus de mixité est bon pour le changement, donc bob pour plus de réactivité et de capacité d'adaptation et enfin bon pour de meilleures performances. La question que l'on peut se poser toutefois : de quelles performances s'agit-il ?

Par exemple s'agit-il d'un meilleur climat et d'une culture interne plus ouverte, que les employés se sentent mieux au sein de leur organisation ? Ou encore, obtiendra t'on de meilleurs résultats financiers, la productivité augmentera t'elle ?

 

La féminisation améliore les performances

 

D'un autre côté, un chercheur à l'Université de Genève et à Skema (anciennement ESC Lille), Michel Ferrary mène depuis 10 ans des recherches sur la féminisation des grandes entreprises. Il publie chaque année un observatoire qui analyse l'évolution de la féminisation et les liens avec la performance des entreprises. L'observatoire 2015 a étudié les entreprises du CAC40 et du CAC Next20, sur la base des rapports annuels publiés en 2014 (donc l'exercice 2013).

 

Tout d'abord, il y a une forte corrélation (0,87) entre la féminisation d'une entreprise et celle de son encadrement ; par exemple : 18% de femmes chez Airbus et seulement 9,6% de cadres féminins, à l'autre bout de l'échelle, 74% de femmes chez LVMH et 62% de cadres féminins.

 

Il y a un bipolarisation sexuelle des grandes entreprises :

- entreprises féminines : luxe (LVMH, L'Oreal, Kering), finances (SG, BNPParibas, Axa, Crédit Agricole, Natixis), services (Sodexo, Accor, Edenred), communication (Lagardère)

- entreprises masculines : automobile, énergie (Total, Engie, EDF, Vallourec, Alstom, Technip), construction, chimie, technologies (Airbus, Atos, Dassault Systemes, Cap Gemini, Safran) et services aux collectivités (Suez Environnement, Véolia).

- 2 entreprises particulières selon M. Ferrary : Danone avec 47% de cadres femmes pour 30% de femmes ("Amazone") et Legrand avec 21% de femmes cadres pour 36% de femmes (Machiste).

 

La féminisation plus ou moins importante du comité de direction conduit à une classification en 4 groupes :

- Machistes : % femmes au comité de direction (codir) inférieur à la moyenne et cadres féminins supérieurs à la moyenne : Accor, BNPParibas, Crédit Agricole, Natixis, Casino, Danone, LVMH, Lagardére et Vivendi,

- Amazones : situation inverse (% codir > moyenne et cadres fem. < moyenne) : Orange, Renault, Dassault, Engie, EDF, Lafarge, Schneider, Vallourec et Suez Environnement

- Féminines : % fort au codir et cadres : L’Oréal, Kering, Sanofi, Société Générale, Axa, Sodexo, Edenred et Carrefour

- Masculines : % faible au codir et cadres :Legrand, Véolia, Atos, Airbus, Saint Gobain, Peugeot, Michelin, Air Liquide, Cap Gemini, Bouygues, Vinci, Arkema, Solvay, Safran, Total, Bureau Veritas, Alstom, Safran et Valeo.

 

M. Ferrary a calculé un indice d'inégalité qui évalue en quoi une grande entreprise utilise sa population de femmes cadres pour recruter ses cadres dirigeants. Les plus mal cotées sont LVMH, Danone, Crédit Agricole, Natixis, BNP Paribas. Les meilleures sont Sodexo, Carrefour, Kering, Sanofi, Edenred, Axa.

LVMH a 1 femme sur 12 membres au codir, 62% femmes cadres et 74% dans les effectifs.

A l'opposé, Sodexo a 6 femmes sur 14 au codir, 41% femmes cadres et 54% dans les effectifs.

 

Si aucune corrélation n'est trouvée entre la féminisation du codir et la rentabilité de l'entreprise, une corrélation significative est déterminée entre la féminisation de l'encadrement (0,45) et celle des effectifs (0,38) et la rentabilité.

 

 

La féminisation des cadres et la performance boursière 

 

M. Ferrary a aussi étudié sur la période de 2007 à 2012, la performance boursière d'un panier d'entreprises du CAC40 dont l'encadrement est plus féminisé que la moyenne (>35%). Il s'agit de : Accor, Axa, BNPParibas, Danone, L'Oréal, LVMH, Kering (anciennement PPR), Publicis, Sanofi, Société Générale, groupées dans un Femina Index. De fin 2007 à fin 2012, le Femina Index a été stable alors que le CAC40 a perdu 35% ! Ce qui a été montré est que ce panier d'entreprises a eu une excellente résistance dans le marché baissier consécutif à la crise financière par rapport à l'ensemble du CAC40. Mais qu'en est-il quand le marché est à la hausse ?

Indépendamment de cette performance boursière qui peut être due à un ensemble très large de paramètres, on pourrait être motivé par l'investissement dans ces sociétés sous l'angle de la responsabilité sociale et pour encourager les entreprises qui ont une politique de mixité pour leur encadrement !

 

Avec M. Ferrary, peut-on se hasarder à conclure que la féminisation améliore les performances notamment boursières ? Je n'en suis pas certain. On constate que les entreprises d'un même domaine par exemple automobile ou bancaire ont toutes des profils similaires de féminisation, l'automobile ayant une faible rentabilité et une faible féminisation, l'inverse étant le cas des bancaires. Je suis plutôt enclin à considérer que des facteurs liés au domaine d'activité influent sur la rentabilité et que la féminisation résulte d'autres facteurs comme l'attirance pour un métier ou les stéréotypes et a peu d'impact sur la rentabilité.

 

Il n'en reste pas moins que ces études et en particulier l'observatoire est particulièrement intéressant pour guider et informer nos étudiantes et jeunes diplômées sur leur choix d'entreprise, au moins en début de carrière.

 

L'observatoire 2015 est téléchargeable sur le site de Skema

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 18:15

Tronics fondée en 1997 par le Centralien Stéphane Renard, une société spécialiste des MEMS, vient d'être introduite en Bourse avec succès, sur le marché Alternext. Le 10 février, elle a levé 12 millions € alors que la demande s'élevait à 24,2 M€, accueillant Thalès et Safran à son capital et le public à hauteur de 10,9% du capital. Tronics était alors valorisée 45,8 M€.

 

Les MEMS

Réalisés avec les technologies de la microélectronique notamment celles du silicium, les MEMS ou microsystèmes électromécaniques, constituent des capteurs ou des actionneurs de très petites dimensions destinés à être produits en grande série à un faible coût unitaire.

Commercialisés depuis les années 80, les MEMS se sont rapidement développés avec des applications dans de nombreux domaines comme l'automobile, l'aéronautique, le médical, les télécommunications et tout récemment les smartphones, tablettes, drones et objets connectés. De nouvelles applications apparaissent en permanence et font que ce marché est en forte croissance.

Récemment, ces systèmes miniatures sont apparus dans des dimensions encore plus réduites sous le nom de nanosystèmes électromécaniques ou NEMS, des capteurs de la taille d'une puce électronique.

 

Le parcours de Tronics

Tronics est issue du CEA-Leti à Grenoble (qui est aussi à l'origine de Soitec créée également par un Centralien). Elle a poursuivi son développement avec des levées de fonds successives de 0,7 M€ (CDC Innovation en mars 2000), 0,8 M€ (CEA Investissement en mai 2001), 10,5 M€ en juillet 2001 (CDC Innovation, Sercel Holding, Schneider Electric Venture, Crédit Lyonnais Venture Capital et IXCore) qui lui ont permis de construire à Crolles une unité de production opérationnelle en 2003. Une nouvelle levée de 3 M€ en 2005 auprès des actionnaires historiques, a permis de compléter l'équipement du site de Crolles.

 

En 2008, un filiale de production est lancée à Dallas, hébergée par Honeywell et en 2012, une coentreprise Chinatronics est créée à Hong Kong avec le distributeur chinois, Era Spread.

 

En 2012, Tronics se lance avec le CEA-Leti et Movea, un spécialiste des algorithmes et solutions logicielles pour les MEMS, dans un partenariat ayant pour objet de développer la technologie M&NEMS. Cette technologie permet de combiner sur une même puce de 4 mm2 jusqu'à 10 axes de mesure (c'est-àdire 10 fonctions capteurs) : accéléromètres, gyromètres, magnétomètres, pression… et microphone. Ce partenariat est soutenu par le Ministère de l'Industrie à hauteur de 6,5 M€.

 

En 2013, Tronics qui était jusqu'alors, très largement dépendante de Sercel, constructeur d'équipements pour la prospection sismique pour les pétroliers, et filiale de CGG Veritas, avec 64% de ses ventes – certaines années jusqu'à 80%, décide de diversifier sa clientèle ...

 

En 2014, le projet ASIMUT (Advanced and Smart Inertial Measurement Unit) est lancé par Movea, avec Tronics, l’EASII-IC et le CEA-Leti, en vue de créer un système de navigation sans GPS pour piéton, utilisable dans les bâtiments et les souterrains de transport.

En mi-2014, Sercel ne représente plus que 25% des ventes en partie parce que la chute du prix du pétrole a conduit à l'arrêt des investissements de CGG Veritas dans les équipements produits par sa filiale ! Il était temps pour Tronics qui, malgré tout, a vu son chiffre d'affaires 2013 baisser de 25% par rapport à 2012 et a perdu près de 700 k€. 

En 2014, son chiffre d'affaires a été de 11,6 M€ en croissance de 14% par rapport à 2013 (10,2 M€), le chiffre d'affaires hors Sercel étant passé de 6,4 M€ à 9,9 M€. 

 

Le modèle de Tronics

Tronics est à la fois

- un concepteur et fabricant de MEMS avec une chaîne complète du design à la production en série de systèmes entièrement "packagés" sur étagère et

- un MEMS fab proposant des services de sous-traitance de MEMS dans ses salles blanches de Crolles (600 m2) et de Dallas (1800 m2). 

Tronics est positionnée sur le segment des produits spécifiques à haute valeur ajoutée de type accéléromètres et gyromètres. Selon Tronics, ce marché aurait été de 1,6 milliard $ en 2014 et devrait croître jusqu'à 3,3 milliards $ en 2019, répartis entre les domaines Industriel, Aéronautique & Sécurité, Médical et Electronique Grand Public. Ses ventes en 2014 étaient réparties ainsi : aéronautique et sécurité 49%, industrie 34%, électronique grand public 15% et sciences de la vie 2%.

 

Les challenges de Tronics

Depuis son introduction en Bourse, Tronics a eu un bref et beau parcours avec une progression d'environ 50% de son cours.

Mais elle fait face à des challenges majeurs :

- sa part du marché mondial est inférieure à 1%,

- elle est traditionnellement placée sur les segments industriels et aéronautiques en France

- sa présence hors de France avec l'unité de production de Dallas (moins de 20% des ventes) est très récente

Elle avance que ses avantages compétitifs se situent dans les domaines suivants : offre complète de conception,  fabrication et packaging, avance technologique en nanosystèmes et agilité/réactivité. 

Elle ambitionne d'atteindre un chiffre d'affaires de 40 M€ en 2018.

Comme beaucoup de PME françaises, son challenge est avant tout le développement international sur d'autres marchés que l'aéronautique (qui est très difficile à pénétrer d'un pays à l'autre) ou des niches comme celle de Sercel (recherche pétrolière). A l'évidence, le potentiel est majoritairement dans l'électronique grand public et les sciences de la vie, là où Tronics est le plus faible.

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 00:43

Créée en 1999, Synerglace s'est développée dans l'installation et la location de patinoires, niche qu'elle domine en France avec 80% du marché (selon la société). Elle livre ses patinoires "prêtes à patiner", les installe et forme les équipes d'exploitation. Elle a ainsi fourni récemment la patinoire de 3000 m2 du Grand Palais.

Lors de l'hiver 2013-2014, elle a livré 230 patinoires. Il est clair que la réussite dans ce métier extrêmement saisonnier nécessite une grand rigueur de gestion, une capacité de stockage des équipements et un excellent service. Son chiffre d'affaires 2014 a été de 10 millions €.

 

La fabrication de patins à glace

 

Avec la location de patinoires, tout naturellement s'impose la location de patins. Un service que propose Synerglace. De là à se lancer dans la fabrication de patins, c'est un pas que Synerglace a franchi en rachetant la marque Okespor. Depuis début décembre 2014, Synerglace fabrique 200 patins par jour à Heimsbrunn en Alsace. Les problèmes de qualité qu'elle rencontrait avec ses sous-traitants Chinois, l'ont poussé à effectuer cette "relocalisation". Il faut bien noter que Synerglace disposait d'un clientèle majeure à portée de main : tous ses clients qui louent le stock de patins nécessaire pour satisfaire les patineurs amateurs qui fréquentent les patinoires.

Le dirigeant de Synerglace, Philippe Aubertin, affiche une grande assurance : il se propose de commercialiser ses patins via des spécialistes comme Decathlon ou GoSport. Nous lui souhaitons une belle réussite, mais vendre à ces acteurs de poids est vraiment différent de la location de patinoires à des municipalités, qui constitue le fonds de commerce de la société.

 

Le développement international

 

Synerglace annonce également des ambitions à l'international en Afrique du Nord, dans les pays du Golfe Persique. Sur ce terrain, elle va rencontrer une concurrence expérimentée comme l'américain Everything Ice, spécialiste à la fois de la rénovation, de la construction de patinoires fixes et de l'installation de patinoires temporaires. Présent non seulement en Amérique du Nord, Everything Ice intervient en Australie, Angleterre, au Moyen Orient.

Sous cette angle, on pourra suivre également les progrès de notre champion à qui je souhaite de beaux résultats.

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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 22:45

Le lancement récent par Toyota de sa nouvelle voiture à hydrogène, la Mirai, a fait couler un peu d'encre en France, certains regrettant que Toyota reporte sa commercialisation dans notre doux pays à plus tard. Une voiture ne se vend que si elle peut s'alimenter en carburant. Aucun projet de mise en place d'un tel réseau n'étant prévu actuellement en France, Toyota a choisi des pays plus accueillants comme l'Allemagne qui poursuit un programme H2 Mobility volontariste et coûteux de création d'un réseau de distribution (159 stations en 2013, 500 en 2015 et 1000 en 2017).

 

Une jeune pousse située à Grenoble, Symbio FCell, compte s'affranchir de cette nécessité d'un réseau de distribution. Elle s'adresse d'abord aux entreprises pour leurs flottes de livraison. Ces flottes sont typiquement basées en un point central du territoire à couvrir, point vers lequel elles retournent chaque soir.

 

Avec des éléments techniques développés par le CEA, Symbio FCell réalise des systèmes intégrant un réservoir d'hydrogène, une pile à combustible et un boîtier de transfert électrique. Ces systèmes se montent sur un véhicule tout électrique à batterie lithium-ion. Lorsque la batterie est presque complètement déchargée, le système à hydrogène prend le relai en rechargeant la batterie. Avec un tel système appelé "prolongateur d'autonomie", l'autonomie d'une Kangoo électrique est doublée. Le Conseil général de la Manche vient de recevoir ses 5 premières Kangoo hybrides tout électrique.

 

Le marché des véhicules de livraison

 

La Poste est particulièrement intéressée par cette solution ; elle s'est en effet engagée à investir dans un parc important de voitures électriques et se rend compte maintenant que leur faible autonomie lui pose un problème majeur. En effet, la distance moyenne parcourue par les voitures de la Poste augmente rapidement de 80km en 2014, à 95km en 2016, selon les prévisions. Ceci est causé par l'évolution des missions du facteur : le volume du courrier diminuant régulièrement, le facteur est amené à fournir de nouveaux services, notamment dans les zones rurales, ce qui le conduit à allonger ses tournées. Pour la Poste, le prolongateur d'autonomie lui permet de poursuivre la conversion de son parc en voitures électriques tout en conduisant la politique de transformation du rôle du facteur, qui est désormais essentielle pour maintenir la rentabilité du service public,

 

Les transporteurs qui interviennent en bout de chaine de livraison, particulièrement dans les zones urbaines, sont également attirés par le "prolongateur d'autonomie", Les municipalités sont de plus en plus tentées par l'interdiction des camions à moteur diesel accusés de pollution aérienne et sonore. En même temps, le bout de chaîne de livraison se développe pour satisfaire la demande des e-commerçants qui doivent livrer rapidement un nombre croissant de colis à des clients individuels. Un véhicule électrique de livraison qui aurait une autonomie suffisante et une réserve de puissance, est bourré d'avantages : silencieux, il peut circuler la nuit au moment où il y a le moins de trafic, il ne pollue pas, il est plus simple à conduire donc moins fatiguant pour les chauffeurs, il est doté de réserve d'énergie pour le chauffage et le dégivrage. La distance parcourue par ces véhicules dépasse fréquemment les 150km. Avec une capacité améliorée de circulation nocturne donc plus fluide, la distance parcourue par ces véhicules ne peut qu'augmenter.

 

Le prolongateur d'autonomie H2 de Symbio FCells a été immatriculé en avril 2014 et déployé d'abord avec la Poste et le groupe Solvay. Les 5 premières Kangoo ZE-H2 vont être suivies par 35 autres qui seront utilisées à Saint-Lô et à Cherbourg où ont été installés des stations à hydrogène. Lyon et Grenoble vont suivre avec le programme Hy Way de 50 Kangoo ZE-H2. Selon Symbio FCells, une douzaine d'autres villes européennes prévoient la mise en place de stations d'hydrogène et l'achat de Kangoo ZE-H2 notamment aux Pays-Bas, en Ecosse et en Allemagne.

 

La mise en place de ces stations d'hydrogène qui est coûteuse, est immédiatement rentabilisée par la présence d'un parc de véhicules de livraison qui roulent beaucoup. On peut ainsi espérer que, progressivement, un réseau de stations d'hydrogène va se construire en même temps que le parc de véhicules se développe. Symbio FCells vient d'accueillir Michelin à son capital, ce qui devrait lui permettre d'augmenter sa capacité de production, et par extension, le déploiement des stations à hydrogène et l'intérêt pour Toyota de lancer la Mirai en France.

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 20:39

Avec au départ, l'idée de réutiliser la chaleur générée par les panneaux solaires photovoltaïques (PV), deux jeunes Centraliens Laëtitia Brottier et Jérôme Mouterde, ont développé un panneau solaire hybride appelé DualSun, comprenant les cellules et un échangeur thermique permettant la production d'eau chaude et refroidissant les cellules. Ils ont créé Solaire 2G et lancé DualSun en 2010. Dualsun a, selon ses promoteurs, un rendement global de 75% additionnant les 15% d'énergie électrique produite par les cellules et les 60% récupérés par le chauffage de l'eau. La première installation a été réalisée en juillet 2011.

 

 

Afin d'être rapidement opérationnel et de pouvoir répondre à la demande, Solaire 2G s'est associée avec des industriels comme la jeune société clermontoise Auversun (fondée en 2008), puis FranceWatt et Voltec Solar et le belge Soltech pour la construction des panneaux solaires. Et en aval, pour diffuser largement ses panneaux, elle travaille avec des distributeurs spécialisés comme Solairvie, Centrosolar et Lariviere, qui eux-mêmes fournissent les professionnels : couvreurs, charpentiers, zingueurs, étancheurs...

 

 

Solaire 2G a financé son développement par une première levée de fonds de 500 k€ fin 2012 auprès d'investisseurs provençaux : Provence Business Angels, la SCR Provençale et Corse et une part de crowdfunding avec l'aide de Wiseed, puis par une aide de 900 k€ dans le cadre du FUI17 (fond unique interministériel) en collaboration avec le CEA INES et en dernier lieu en septembre 2014, une levée de 1,3 M€ auprès d'Opalic, Noria, CAAP Création et des investisseurs du précédent tour.

 

 

Tout semble aller pour le mieux avec des ventes d'environ 1000 panneaux par an ... Mais plusieurs éléments m'amènent à m'interroger sur la stratégie menée par Solaire 2G.

 

Solaire 2G déclare qu'elle sera à l'équilibre lorsque les ventes seront de 5 000 panneaux par an, dans 2 ans ! Elle déclare également qu'elle développe une nouvelle gamme de panneaux hybrides plus compétitifs. Bien qu'annonçant dès 2012, qu'elle allait lancer son développement à l'international, fin 2014, il semble qu'aucune percée à l'étranger n'ait été réalisée. En France même, elle fait face à de solides concurrents.

 

En effet, depuis près de 10 ans, des spécialistes du solaire thermique de longue date (20 à 30 ans d'expérience) ont mis au point des panneaux hybrides. On notera en particulier le canadien Conserval Engineering (présent en France via sa filiale SolarWall) et le turc Solimpeks (filiales en Allemagne, Espagne, Australie et Kenya). Ces panneaux hybrides répondent à une problématique que DualSun ne parait pas traiter actuellement : la chaleur générée est fréquemment trop importante pour une utilisation en production d'eau chaude seulement ; avec ces panneaux, il est prévu de chauffer les bâtiments et éventuellement d'autres usages. Ce qui assurément permet de viser une clientèle plus large : tous les bâtiments ont besoin de chauffage, seules les habitations consomment des quantités importantes d'eau chaude. Ces deux sociétés sont présentes dans de nombreux pays et ont développé leur expertise en solaire thermique avant l'émergence du photovoltaïque. Elles proposent une gamme étendue de solutions et ont très probablement des coûts de production que Solaire 2G ne peut pas concurrencer.

 

Il est clair que le savoir-faire des concurrents est dans le solaire thermique ; c'est un savoir-faire qui est peu répandu alors qu'on peut considérer que le photovoltaïque est devenu mature, avec des prix cassés par les constructeurs chinois et un nivellement par le bas. Solaire 2G doit, pour se faire une place "au soleil", se détacher par des technologies innovantes en matière de solaire thermique. A ce stade, je ne suis pas sûr qu'elle en ait la capacité.

 

 

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