Osivax a été fondée en 2017 à Lyon par une équipe de 3 fondateurs venant d'Imaxio, une startup lyonnaise, avec pour objectif de développer une série de vaccins et d'immunothérapies à partir d'une technologie de réingénierie des antigènes : oligoDOM™. Cette technologie inventée par Dr Fergal Hill, développée par Imaxio au cours des 15 dernières années et protégée par 4 familles de brevet, a été transférée à Osivax tandis qu'Imaxio poursuit le développement et la commercialisation de son vaccin contre la leptospinose humaine.
Les 3 fondateurs d'Osivax : Alexandre Levert (X99, MS Harvard en biologie cellulaire), Dr Florence Nicolas (ingénieur et docteur de l'INSA Lyon) et Dr Fergal Hill., se sont d'abord consacrés à l'application d'oligDOM à un vaccin OVX836 universel contre la grippe ; après les essais de Phase 1 débutés mi 2019 sur un deuxième site à Liège, ce vaccin est maintenant en Phase IIa d'essais cliniques et vise une efficacité maintenue à travers toutes les mutations du virus de la grippe.
Contrairement aux vaccins actuels contre la grippe qui agissent sur les antigènes superficiels du virus, lesquels antigènes évoluent chaque année, ce qui conduit à reformuler le vaccin chaque année, la plate-forme oligDOM a permis de mettre au point le vaccin OVX836 qui agit sur une protéine très stable du virus de la grippe, une protéine dont le taux de mutation est faible, la NucleoProtein (NP). Il en résultera que ce vaccin sera actif d'une année à l'autre sur le virus, malgré les mutations qu'il subit.
Osivax ambitionne d'appliquer dans un second temps, la plateforme qu'elle développe à d'autres maladies infectieuses et affectant le système immunitaire. Selon ses dirigeants, les fonds récemment levés lui permettent d'avancer notamment sur la création d'un vaccin universel contre le Covid-19 : belle ambition !
Les financements et les partenaires
Lors de la création d'Osivax (seed), 2,7 M€ ont été apportés au capital auxquels se sont joints des fonds de Pradeyrol Development - un family office du Dr Christian Pradeyrol, cofondateur d'Imaxio, puis en janvier 2019, un apport de 8 M€ venant de Nochaq, l'ex-Meusinvest, le fond d'investissement public liégeois et d'Anaxago (série A) ; enfin en juillet 2020, 15 M€ ont été investis par le Conseil Européen de l'Innovation (série B) accompagnés par une subvention de 15 M€ de la BPI via le programme de “Projets structurants pour la compétitivité”.
Installée à Liège et à Lyon, avec une équipe de 30 personnes, Osivax a multiplié les partenariats avec des établissements de recherche comme les universités d'Anvers, de Gand, de Lausanne, de Rochester, dkfz – le centre de recherche allemand sur le cancer à Heidelberg, le cluster BioWin en Wallonie, ainsi qu'avec des sous-traitants pour l'aider dans les essais climiques.
La stratégie d'Osivax face à ses concurrents
On constate qu'Osivax multiplie les partenariats de recherche et que sur les 40,7 M€ levés, près de 95% l'ont été auprès d'organismes publics : l'UE, la BPI, la région de Liège. Que cela soit pour la Phase 3 du développement du vaccin anti-grippe ou pour un développement accéléré d'autres vaccins comme celui visant le Covid-19, un financement bien plus important est nécessaire.
Le seul message que l'on entend de la part d'Alexandre Levert, dirigeant d'Osivax, est qu'il projette de vendre sa société à un grand groupe pharmaceutique.
Ce n'est pas du tout la position adoptée par les concurrents développant des vaccins anti-Covid-19 qui sont maintenant largement connus comme BioNTech, Moderna, CureVac. Ces concurrents sont des startups qui ont su nouer des partenariats solides avec de grands groupes pharmaceutiques. Ces groupes leur apportent les ressources et les contacts pour les Phases 3, puis l'organisation commerciale, la structure industrielle et la logistique pour lancer leurs produits à grande échelle. Moderna est ainsi associée à Merck et AstraZeneca, BioNTech à Pfizer et CureVac à Bayer.
Depuis sa création en 2010, Moderna a effectué 9 levées de fonds soit un total de Md$ 2,7, dont M$ 474 auprès d'AstraZeneca et M$ 125 auprès de Merck.
Bien sûr, le BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authority), un bureau du ministère de la santé américain est intervenu également mais seulement en avril et juin 2020, alors que ce sont les investisseurs privés et les groupes pharmaceutiques qui se sont impliqués au cours des premières années, quand le risque était maximal.
Un organisme représentatif des jeunes pousses françaises comme France Biotech demande au contraire aux organismes publics européen et français de s'impliquer alors que le risque est encore élevé. En fait, on demande que cela soit le contribuable qui apporte son argent via des organismes qui ne sont pas nécessairement des experts pour juger de la qualité de l'investissement sollicité et du risque encouru. De plus les organismes publics n'apporteront pas les contacts pour les Phases 3, ensuite l'organisation commerciale, la structure industrielle et la logistique pour lancer les produits à grande échelle
Comparant la posture actuelle d'Osivax – ce n'est pas vraiment une stratégie, et les avancées stratégiques de Moderna et BioNTech, on ne peut s'empêcher de craindre qu'Osivax n'arrive pas à décoller. Il est cependant très positif qu'Osivax se soit installée en Belgique, à Liège. La Belgique, la Wallonie comme la Flandre, est en effet un pays où la dynamique biotechnologique est bien plus forte qu'en France, les financements sont plus abondants et les grands groupes pharmaceutiques internationaux sont très présents. On peut d'ailleurs imginer qu'Osivax migre à Liège, l'écosystème étant plus favorable.