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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 21:59

La presse s'est fait récemment l'écho de projections démographiques portant la population de l'Afrique de 1 milliard aujourd'hui à 2 milliards en 2050. De ce fait, on peut se demander si la pauvreté et le marasme économique ne risquent pas de continuer d'affecter ce continent dans les décennies à venir.

 

Selon une récente étude du cabinet McKinsey, il n'en est rien et au contraire l'Afrique est le continent dont l'économie décolle maintenant et qui a le plus fort potentiel. Entre 2000 et 2008, le taux de croissance de l'économie africaine a été de 4,9% par an et en 2008, le produit intérieur brut (PIB) du continent a été équivalent à celui du Brésil ou de la Russie autour de $1,6 milliards. Seulement 1/3 de cette croissance est due aux ressources naturelles (minerais, pétrole, céréales …). Les autres secteurs en croissance comprennent notamment le commerce, l'agriculture, la logistique, les télécommunications et l'industrie. Ce qui a engendré cette croissance, ce sont surtout : la fin de nombreux conflits armés, de meilleures conditions macroéconomiques (réduction de l'inflation, baisse des déficits publics et de la dette des Etats) et la création d'un climat plus favorable aux entreprises (privatisations, renforcement de l'environnement réglementaire et légal, baisse des impôts sur les sociétés, développement des infrastructures, zones de libre-échange). La pauvreté des africains a commencé à diminuer.

 

La question essentielle est de savoir si cette croissance va se poursuivre. L'Afrique va continuer à bénéficier de la demande croissante en matières premières avec 10% des réserves en pétrole, 40% de l'or et 80% du chrome ou du platine. Ces ressources se dirigent de plus en plus vers l'Asie : entre 1990 et 2008, le commerce de l'Afrique avec l'Asie est passé de 14% à 28% de son commerce global, alors que la part de l'Europe a baissé de 51% à 28%. De nouvelles formes de coopération se mettent en place entre la Chine, l'Inde, le Brésil, le Moyen Orient et les pays africains, l'accès aux ressources minières donnant lieu à des compensations en termes d'investissements en routes, chemins de fer, hôpitaux et écoles. La course aux ressources améliore la capacité de négociation des gouvernements africains. L'investissement direct étranger en Afrique qui est passé de $9 milliards en 2000 à $62 milliards en 2008 s'est dirigé non seulement vers les ressources naturelles mais aussi le tourisme, l'industrie textile, la construction et les télécommunications.

 

D'ici à 2040, la population active va augmenter de 500 millions à 1,1 milliards : le challenge pour l'Afrique est de former sa jeunesse. En 2040, 1/5 de la jeunesse mondiale sera africaines. En conclusion, l'étude indique que le marché des consommateurs africains croit 2 à 3 fois plus vite que dans les pays de l'OCDE (dits « développés »), la rentabilité des investissements est plus élevée que dans tous les autres régions émergentes.

 

Il semble que la France a conscience de l'opportunité qui se présente à elle. La récente réunion des chefs d'Etat africains à Nice le 30 mai et 1er juin, peut être l'amorce de nouvelles relations. La Françafrique a t'elle vraiment vécue ? Nos gouvernants ont-ils vraiment abandonné les vieilles habitudes de soutien aux régimes dictatoriaux et corrompus dont le principal souci était de faire grossir leurs comptes à numéro en Suisse, l'objectif étant de préserver l'accès au ressources naturelles moyennant des subsides et une « aide au développement » qui atteignaient rarement leurs buts. Mais ce n'est pas encore gagné quand on observe les manoeuvres d'Areva (derrière qui on ne peut s'empêcher de voir se profiler son actionnaire archi-principal, l'Etat français) au Niger pour préserver son accès aux mines d'uranium.

 

Face aux autres pays comme la Chine, qui investissent directement dans les infrastructures et les équipements, en échange de relations économiques de long terme, la France doit avoir un comportement d'investisseur « adulte » et absolument cesser de se mêler de la politique intérieure des pays africains. Les entreprises françaises ont encore souvent un avantage compétitif. On ne peut que souhaiter qu'elles poursuivent une stratégie d'investissements et de développement des marchés avec la même éthique qu'ailleurs dans le Monde, mais avec plus d'efforts car il y a en Afrique, plus de potentiel qu'ailleurs.

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 12:45

Chaque année à l'époque des Internationaux de France à Roland-Garros qui, rappelons-le, ne durent que 15 jours par an, la Fédération Française de Tennis accentue son lobbying intense auprès de la Ville de Paris. Elle agite la grande menace : que Paris perde le Master en terre battue au profit de Madrid qui dispose d'installations beaucoup plus vastes et plus modernes. Notons en passant que les installations de Roland-Garros sont largement sous-utilisées : essentiellement pendant les Internationaux et les Championnats de France ...

 

Le premier projet en cours de tractations est la suppression du petit stade Hébert, en face du lycée La Fontaine, qui sert uniquement à la pratique sportive des jeunes du quartier, tout au long de l'année ; pour le remplacer par trois stades de tennis de compétition avec toit ouvrant. Afin de relier ces stades à l'enceinte de Roland-Garros, l'on évoque une passerelle en béton qui empiètera sur les Serres d'Auteuil qui est un espace vert « ultra-protégé ». Mais il est bien connu que ces considérations n'arrêtent pas l'actuel maire de Paris.

 

Le deuxième projet dont la presse vient de se faire l'écho ces derniers jours (Les Echos du 25/05) et qui a été évoqué lors d'une conférence du directeur général de la FFT, Gilbert Ysern, est encore plus étonnant : il s'agit ni plus ni moins de supprimer les Serres d'Auteuil et de prendre un hectare de terrain sur le Bois de Boulogne. On peut s'interroger d'ailleurs pourquoi s'arrêter à un hectare ? En effet, Roland-Garros étant notoirement trop petit, il faudrait envisager au moins le doublement de sa surface pour faire bonne mesure face au concurrent madrilène et recoller au peloton des autres installations du Grand Chelem ! Mon lecteur retiendra que ce deuxième projet ne serait même pas une demande de la FFT mais qu'il s'agirait de propositions de la Ville de Paris ; une Ville de Paris prête à passer en force sans souci du bien des parisiens, du sport de masse de proximité et de la protection des espaces verts ; espace verts qui sont déjà les plus réduits parmi les grandes métropoles du monde entier.

 

Bien sûr, on évoque l'étude de trois autres sites en région parisienne : Marne-la-Vallée, Versailles ou Gonesse. Il s'agirait d'une implantation d'une trentaine d'hectares (alors que Roland-Garros n'en occupe que neuf ) mais voici un grande partie du problème : le transfert coûterait 600 millions € alors que les projets sans déménagement ne coûteraient que 200 millions €. On peut d'ailleurs penser que, comme pour le projet scandaleux de Jean Bouin, la Ville de Paris mettrait la main à la poche pour la plus grande joie des contribuables parisiens corvéables à merci. Il est évident que les municipalités des trois autres sites n'ont pas les moyens de concurrencer Paris sur ce plan.

 

Tout ce qu'on peut espérer, c'est que notre secrétaire d'Etat au Grand Paris, Christian Blanc prenne les choses en main et fasse cesser ce jeu de la Ville de Paris et de son maire qui cherchent à tout prix à conserver des implantations qui étouffent à l'intérieur des modestes 10 540 hectares de la Ville (dont 850 ha pour le Bois de Boulogne, en voie de réduction par les bons soins du maire) et qui menacent d'étouffer les parisiens par empiètements successifs.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 05:02

Lors d'une conférence récente, Yvon Jacob, Président du Groupe des fédérations industrielles, a évoqué la désindustrialisation qui touche la France depuis environ 30 ans. Comme l'indique le rapport de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Économique (DGTPE) de février 2010, auquel Y. Jacob s'est référé, 1 900 000 emplois industriels ont été perdus entre 1980 et 2007, soit 36% des ses effectifs. Ce processus se poursuit : en 2009, 180 000 emplois ont été perdus dans l'industrie. Selon Y. Jacob, l'année 2000 a marqué un tournant avec une accélération de la désindustrialisation, à laquelle la mise en place des 35h aurait contribué. Entre 2000 et 2008, la valeur ajoutée totale de la France a augmenté de 14%, dont seulement +4% pour l'industrie; la valeur ajoutée de la zone euro a elle augmenté de 18% dont +13% pour l'industrie. Le solde de la balance commerciale des industries automobiles est maintenant négatif et seuls les industries agroalimentaire et des biens d'équipement conservent un solde positif.

 

Y. Jacob a expliqué que les 35h ont conduit à un rationnement de l'offre de travail au moment même où les barrières douanières ont été abaissées dans le cadre des accords de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Il en a résulté que l'industrie française n'a pas pu répondre à l'afflux de demande, ce dont les autres pays, notamment de la zone euro, ont profité pour prendre des marchés, qui n'ont jamais été récupérés depuis. Actuellement, le coût horaire du travail en France est 15% au-dessus de la moyenne de la zone euro. L'industrie française continue donc de perdre des parts de marché.

 

Circonstance aggravante, la baisse de compétitivité s'accompagne d'une baisse de la rentabilité des entreprises : en 8 ans, leur Excédent Brut d'Exploitation (EBE) a baissé de 40%. En conséquence, les investissements sont à la baisse et le financement de l'exploitation est fréquemment difficile.

 

Quelles solutions pour inverser cette tendance ?

 

Y. Jacob recommande de :

  • faire évoluer les modes de financement des régimes sociaux,
  • drainer l'épargne vers les investissements industriels,
  • revenir à une vraie solidarité inter-entreprise,
  • chasser en meute sur les marchés internationaux.

 

Mais la question prioritaire reste la compétitivité des entreprises. Depuis 10 ans au moins, c'est la priorité nº1 de l'Allemagne, avec les résultats que l'on connait en termes de ventes internationales et de réussite des entreprises industrielles.

 

La TVA sociale

 

Un facteur essentiel de compétitivité est le coût du travail : une solution efficace pour réduire ce coût ne serait-elle pas la TVA sociale ? Celle-ci s'est imposée en Allemagne, sans impact durable sur l'économie en général. Au lieu d'être supportées par la main d'oeuvre bien plus nombreuse à intervenir pour les produits fabriqués que pour les produits importés, avec la TVA sociale, les charges sociales ne sont plus payées par les entreprises (les charges « patronales ») en proportion des salaires mais deviennent supportées par les ventes finales en France de tous les produits et services ; et les ventes export sont exonérés de TVA sociale comme pour la TVA fiscale. Cela conduit à rendre les produits fabriqués en France plus compétitifs vis-à-vis des produits importés et améliore très sensiblement leur compétitivité à l'international ! Par exemple, supposons qu'une entreprise industrielle française ait des charges de personnel à hauteur de 30% de son chiffre d'affaires, qu'elle soit en concurrence avec un importateur de produits étrangers dont les charges de personnel se montent à 10% de son chiffre d'affaires. Les charges patronales étant en moyenne de 30% des charges de personnel totales, il en résulte qu'avec la mise en place de la TVA sociale, le gain de compétitivité pour l'entreprise est de 30%x30% = 9% sur les marchés export puisque la TVA sociale ne s'applique qu'aux ventes sur le marché français. Pour l'importateur, le gain est de 10%x30% = 3%, il en résulte sur le marché français, un différentiel de 6% en faveur des produits français face aux produits importés. On peut noter que ce système avantage encore plus les entreprises de service dans la mesure où la part de charges de personnel est plus importante chez elles que pour les entreprises industrielles. Sur ce point, l'intérêt est lui aussi sensible notamment dans des activités comme les services informatiques, le développement de logiciels et les centres d'appel qui sont dé-localisables. On peut penser que l'impact sur l'emploi serait encore plus important pour les entreprises de service que pour l'industrie !

 

Pourquoi nos politiques n'osent-ils pas la mettre en oeuvre ? Il semble que la pensée unique sur ce sujet est qu'une baisse des charges sociales ne serait pas convertie en une meilleure compétitivité des entreprises (baisse des prix HT, agressivité dans les négociations) mais serait accaparée par les actionnaires en termes de profit et de dividendes et que l'on observerait uniquement une hausse des prix TVA incluse préjudiciable aux consommateurs et donc une baisse du pouvoir d'achat ! Mais pourquoi les chefs d'entreprise ne saisiraient-ils pas cette opportunité d'amélioration de compétitivité ? D'autant plus qu'in fine, les actionnaires bénéficieraient de l'augmentation de performance des entreprises. Bien sûr, ce système serait avant tout profitable pour les entreprises ayant la majeure partie de leurs implantations en France, ce qui n'est plus le cas des entreprises du CAC40. Renault qui ne fabrique plus que 35% de ses voitures en France, n'aurait sans doute plus besoin d'être mis sous pression par les politiques pour maintenir l'activité à Sandouville ou à Flins … Est-ce le lobbying de ces grands groupes qui combat la TVA sociale ? Il est remarquable que cette question ait fait la une des médias pendant quelque temps puis a été littéralement enterrée. Pourtant, son effet sur les recettes globales des organismes sociaux est potentiellement neutre, et même plus favorable dans la mesure où ces recettes seront corrélées à la consommation totale et non plus au taux d'emploi des actifs qui est plus volatil.

 

On a osé baisser la TVA sur les restaurants, ce qui ne bénéficie qu'à une catégorie d'entreprises qui n'est même pas confrontée à concurrence internationale. On a en fait mis de l'argent sur la table sans aucun bénéfice pour la compétitivité des entreprises françaises. De plus on favorise l'emploi peu qualifié donc à faible pouvoir d'achat, qui caractérise ce métier alors qu'en parallèle les jeunes deviennent de plus en plus diplômés. Et comme par enchantement, ce sont les entreprises industrielles qui ont le plus besoin de personnes qualifiées, de chercheurs, d'ingénieurs, de cadres et de techniciens. On réalise bien là le manque de cohérence des politiques fiscales, économiques et sociales. Le lobby des restaurateurs a bien réussi son coup !

 

Le financement des entreprises industrielles

 

L'idée de drainer l'épargne vers le financement des entreprises industrielles est tout à fait louable. Mais quand on évoque cette idée, on voit pointer la création de nouvelles niches fiscales comme cela existe pour favoriser les investissements dans le DOM/TOM (lois Pons, Girardin, …) ou l'investissement dans les jeunes pousses (loi TEPA). Est-ce bien raisonnable ? Les niches fiscales conduisent souvent à des effets pervers éloignés de l'intention initiale.

En fait certaines mesures qui ne coûtent rien à l'Etat donc rien au contribuable, peuvent avoir un effet bien plus puissant. La réduction des délais de règlement en est une : les entreprises ne sont plus les banquiers de leur client. Cela bénéficie à toutes les entreprises notamment celles qui ont le potentiel de se développer rapidement. Supposons que le délai de règlement de leurs clients passe de 90 jours à 45 jours, cela correspond à un gain en besoin de fond de roulement de 15% de leur chiffre d'affaires ! Chaque fois qu'une entreprise visait une croissance de son activité de 10%, elle devait financer (et non investir) 15% de cette croissance sans aucun bénéfice pour son activité. Il en résultait une baisse équivalente de sa rentabilité. Au lieu d'investir dans des machines ou le développement du réseau commercial à l'international, elle s'épuisait à financer son fond de roulement !

Ce type de mesure qui améliore la compétitivité des entreprises, les rend plus rentable et facilite leur croissance : elle n'en deviennent que plus attractives pour les investisseurs que sont les épargnants. Point n'est besoin de mettre en place une nouvelle usine à gaz fiscale telle que les CODEVI et autres systèmes d'épargne dont personne ne sait où va l'argent et qui de plus, supportent des coûts non négligeables de gestion n'apportant aucune valeur ajoutée.

 

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 14:19

L'Union européenne et le FMI demandent à la Grèce de réduire de 10 points son déficit public en deux ans. Les marchés, par leurs réactions de ces jours derniers, ne semblent pas croire que cela soit possible.

 

Et pourtant, plusieurs pays, dans les 20 dernières années, ont réussi à mettre en oeuvre une réduction drastique du déficit public, et pas seulement en augmentant les impôts !

 

C'est ainsi que le Canada est passé, de 1995 à 1998, d'un déficit budgétaire de près de 6 % du produit intérieur brut (PIB) à un léger excédent. Comment a-t'il fait ? Il a simplement entrepris une très sévère réforme de l'Etat qui a conduit à une forte réduction des budgets, à la suppression d'un cinquième des postes fédéraux et à des hausses d'impôts. Le budget de l'exercice 1997-1998 était à l'équilibre et en excédent pour 1998-1999, rompant avec près de trente ans de déficits budgétaires chroniques. Les dépenses du gouvernement fédéral ont baissé de 15% de 1993 à 1997 et la dette publique a été réduite, passant de 70% en 1995 à moins de 50% en 2001. Ce cercle vertueux n'a pas été anéanti par la conjoncture en 2009, puisque le budget d'excédentaire de +0,7% en 2008 est devenu déficitaire de seulement 2% en 2009. Et après une baisse du PIB de 2,6% en 2009, il est prévu une croissance de 3,1% en 2010, 3,2% en 2011 et 3% en 2012 !

 

La Suède qui fait souvent figure de modèle pour nos politiques – à croire que ce modèle est largement fondé sur l'image que l'on a de ce pays plutôt que sur la réalité de ses politiques publiques, a conduit un politique d'austérité budgétaire sans précédent dans le courant des années 1990 en licenciant des milliers de fonctionnaires et en réformant le système des retraites et de protection sociale. De 16% du PIB en 1993, le déficit public est passé à moins de 3% en 1997 !

Le budget suédois est resté en excédent depuis 2002 jusqu'en 2008, passant au rouge de 0,6% seulement en 2009. Dans le même temps, la dette publique est descendue de plus de 75% du PIB en 1995 à moins de 50%. La Finlande a elle aussi mis en oeuvre un programme de réduction du déficit qui est passé de 8% en 1993 à 2,5% en 1996.

 

Et l'Irlande que l'on cite souvent comme un maillon faible de la zone Euro, projette de réduire son déficit à moins de 3% en 2014 contre 11,6% en 2009. Les économies prévues comprennent une baisse de 6% des salaires des fonctionnaires, la réforme de leur régime de retraite et le gel des embauches, une baisse des prestations familiales et des allocations chômage et une réduction des dépenses d'investissement. Côté recettes, une taxe carbone et une augmentation de l'impôt sur le revenu ont été mises en place. Connaissant d'expérience la vigueur et le volontarisme des Irlandais, on peut leur faire confiance pour mener à bien ce programme.

 

Et la France ?

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 08:15

Lors d'une récente conférence, François Heisbourg, Président de l'International Institute for Strategic Studies, a évoqué l'évolution du rôle stratégique de la Chine. En 1979, Deng Xiaoping a défini ainsi la stratégie de la Chine pour les années suivantes : « La Chine est un pays en développement qui a besoin de la paix pour sortir de la pauvreté. La Chine n'est pas une grande puissance. » Effectivement, depuis cette date, elle n'a été en guerre avec personne et a réussi une décollage économique remarquable.

 

Maintenant la Chine est devenue une grande puissance et la définition de Deng Xiaoping n'est plus d'actualité – bien que les officiels chinois soient toujours tentés de s'y référer.

 

Quel peut être maintenant son rôle stratégique ? François Heisbourg cite quatre voies, qui sont autant de tentations :

  • le multilatéralisme notamment au sein du G20
  • le front du refus au sein du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) : c'est aux pays occidentaux développés d'assumer les conséquences de leurs erreurs, notamment sur le plan du climat et de l'environnement
  • le G2 avec les Etats-Unis, qui est apparu lors de la conférence de Copenhague
  • l'unilatéralisme : l'Empire du Milieu, une tradition plusieurs fois séculaire

Selon François Heisbourg, la Chine n'a pas choisi et oscille entre ces quatre voies selon les circonstances et l'environnement dans lesquels elle intervient.

 

Mon impression est que les trois premières voies sont des voies de façade pour l'essentiel et que la voie de fond reste l'unilatéralisme. Au regard de leur passé, je pense que les Chinois n'ont pas confiance dans les autres pays, notamment les occidentaux et les Japonais. Ils se souviennent toujours du sac du Palais d'Eté, l'équivalent de Versailles qui a été détruit par les Anglais et les Français au XIXè siècle ; ils se souviennent du joug japonais au XXè siècle. Leur civilisation est plus ancienne que la nôtre, remontant à il y a près de 4 000 ans, et les Chinois la considèrent souvent comme supérieure aux autres. C'est ainsi qu'ils ne sont pas prêts à accepter l'influence d'autres pays sur leurs grands choix stratégiques. On le constate dans leur politique de change, dans leur attitude vis-à-vis de l'Iran ainsi que dans leur stratégie vis-à-vis des pays africains et de leur développement. Et s'appuyant sur leur succès économique actuel, on ne voit pas ce qui les contraindrait à abandonner l'unilatéralisme.

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 19:55

Le projet de loi sur « la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration », adopté par les députés en décembre 2009, modifie le code du commerce en obligeant les conseils d'administration et de surveillance à respecter une proportion minimale de 40% de membres de chaque sexe … dans six ans avec un seuil intermédiaire de 20% dans trois ans. Cette obligation concerne non seulement les sociétés de CAC40 mais aussi toutes les sociétés par actions cotées sur un marché réglementé, c'est-à-dire les actions de l'Eurolist et sans doute également celles de l'Alternext si on se réfère à la position de l'AMF. L'Alternext est souvent décrit comme régulé ou partiellement réglementé : il faudra donc confirmer si il est bien dans la collimateur de cette obligation. Quant au Marché libre il n'est bien sûr pas réglementé. Les EPIC – établissements publics industriels et commerciaux comme la SNCF, et les établissements publics administratifs de l’État sont aussi concernés. Ce projet vient maintenant en discussion au Sénat qui a un projet très proche dans ses cartons avec toutefois en plus des règles limitant le cumul des mandats d'administrateur.

 

La presse s'est beaucoup penchée sur ce sujet pour ce qui est des entreprises du CAC40, indiquant notamment que sur les 584 administrateurs de ses conseils, il n'y a actuellement que 65 postes occupés par des femmes avec comme toujours un certain nombre de « cumulards ». Par exemple Patricia Barbizet est administratrice de Bouygues, Total, Air France-KLM, Artemis, PPR et du FSI !


Il y aurait donc 169 postes d'administrateurs auxquels des femmes doivent être nommées d'ici 2016. A l'occasion des assemblées générales qui surviennent maintenant, plusieurs sociétés ont pris les devants en profitant pour recruter des femmes ayant également une expérience internationale importante. Par contre, on peut s'interroger sur les motivations ayant conduit à d'autres candidatures comme celle de Bernadette Chirac au conseil de PPR et celle de la fille d'Albert Frère au conseil d'Artemis. J'ose espérer que les critères retenus pour les candidatures seront ceux de la compétence, de l'expérience et de l'adéquation avec le métier des entreprises et les marchés servis par elles.

 

Mais la situation sera sûrement moins facile pour les autres sociétés cotées et les établissements de l'Etat qui devront se conformer à la même règle, leurs postes d'administrateur étant moins prestigieux et sûrement moins rémunérés. Il y aura sans doute là une vraie opportunité pour les cabinets de recrutement dans les années à venir.

 

Ainsi que le montre la situation dans les pays nordiques comme la Norvège, les quotas imposés pour les conseils d'administration n'ont pas conduit à des changements dans la direction opérationnelle des entreprises. C'est bien sûr facile à comprendre : les administrateurs ne sont qu'exceptionnellement salariés de l'entreprise, ils viennent généralement d'ailleurs, sont aussi bien en activité que retraités, exercent souvent une profession libérale ou d'indépendant. Leur rôle est celui de contrôle et de conseil des dirigeants de l'entreprise, sans intervention notamment dans le recrutement ou la promotion des cadres de direction, sauf des directeurs généraux. On ne voit donc pas comment une féminisation des conseils conduirait naturellement à une féminisation des sphères dirigeantes des entreprises. L'obligation visée par la loi française à venir n'adresse qu'un aspect vraiment périphérique de la problématique de l'équilibre entre femmes et hommes au sein des entreprises et des établissements publics. On notera que l'article 6 du projet de loi qui traite de « l'égalité professionnelle et salariale » a un objectif bien modeste en ce qu'il oblige seulement le conseil d'administration à délibérer « annuellement sur la politique de la société en matière d’égalité professionnelle et salariale ».

 

On peut considérer que cette loi, bien qu'ayant fait couler beaucoup d'encre, n'aura que peu d'impact sur l'évolution de l'équilibre entre femmes et hommes au sein des entreprises et des établissements publics. Pour faire évoluer les choses, il s'agirait certainement plutôt pour ces dernières d'aménager une gouvernance interne qui assure à chacun un parcours professionnel qui soit indépendant du sexe et respectueux des compétences, des qualités et des ambitions de tous les employés.

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 19:57

Au même moment où la grève chère au leader cégétiste Didier Le Reste se terminait à la SNCF, une de ses filiales, SeaFrance, l'opérateur des ferries entre Calais et Douvres, a été mise en procédure de sauvegarde devant le tribunal de commerce de Paris. Avec un chiffre d'affaires d'environ 220 millions €, SeaFrance a dégagé 36 millions € de perte en 2009 après avoir perdu 24 millions € en 2008. Elle se trouve maintenant avec des fonds propres négatifs. La CFDT qui est majoritaire chez SeaFrance a dénoncé un accord qui devait permettre une recapitalisation par la SNCF tout en prévoyant la suppression de 482 emplois sur les 1600 salariés et s'est mis en grève lors du week-end pascal, l'un des plus intenses de l'année. Dans cette affaire, on constate une fois de plus que dans la galaxie SNCF, le dialogue social ne fonctionne pas entre la direction et les syndicats. Avec la mise en sauvegarde, le plan social est annulé et des mesures plus drastiques risquent d'être appliquées.

 

Depuis des années, SeaFrance perd des parts de marché face à ses deux concurrents : Eurotunnel et P&O. On peut se demander pourquoi la SNCF s'est acharnée à conserver cette filiale alors qu'elle investissait dans l'Eurostar qui peu à peu lui a dérobé l'essentiel de son trafic passagers. D'autre part, SeaFrance n'opère qu'entre Calais et Douvres alors que son concurrent P&O est un opérateur global de ferries entre les Iles Britanniques et la France, l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas, tant en fret qu'en transport de passagers. Au cours des années, P&O a pu doser son engagement sur le trajet Calais-Douvres alors que SeaFrance était seulement en position de gérer sa décroissance ! Manifestement, la direction de la SNCF est bien trop préoccupée par ses problèmes propres et ceux du fret et par son combat permanent avec la CGT tout en souffrant quasi constamment de l'interférence des politiques. Etant elle-même sous perfusion avec environ 50% de ses revenus constitués de subventions, la SNCF n'a pu mettre en oeuvre ni une stratégie de développement pour SeaFrance, ni une stratégie de cession qui aurait été sûrement la meilleure solution lorsque le trafic passager et fret était encore significatif. Maintenant, il est probable que nous nous acheminons vers la liquidation ...

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 20:50

Voilà un titre qui fera bondir certains de mes lecteurs ... Pourtant une étude de James Gwartney, Randall Holcombe et Robert Lawson publiée en 1998 inspirée par une étude réalisée pour le Joint Economic Committee du Sénat et de la Chambre des Représentants américains, démontre qu'il existe une relation négative, forte et durable, entre la taille de l'État mesurée par les dépenses publiques et la croissance du produit intérieur brut.


Cette relation a été vérifiée tant pour les économies développées (les 23 pays de l'OCDE) que pour un ensemble élargi de 60 pays du monde entier. La traduction de cette étude en français est disponible sur le site de l'Institut Économique de Montréal (IEDM). Cette étude a été récemment actualisée et la relation négative a été confirmée.

 

En France, nos hommes politiques se demandent depuis longtemps pourquoi les taux de croissance de 3% et plus que nous connaissions durant les « Trente Glorieuses » ne se reproduisent plus ; et pourquoi la plupart des économies développées ne dépassent plus le taux de 3,5%. De l'analyse présentée par cette étude, il résulte que c'est la taille de relative de l'État et de ses dépenses qui a ralenti la croissance économique. Une réduction de 10 points des dépenses publiques conduit à une hausse d'environ un point du taux de croissance du produit intérieur brut.

 

En 1960, pour l'ensemble des pays de l'OCDE, les dépenses de l'État représentaient en moyenne 27% du PIB ; en 1996, elles atteignaient 47% du PIB. Les dépenses de l'État en France sont passées de 34,6% à 54,7% du PIB sur la même période. Pour d'autres pays très comparables, l'Allemagne, le Japon et les Etats-Unis, les dépenses de l'Etat sont passées respectivement de 32,4%, 17,6%, 28,4% en 1960 à 56%, 36,9%, 34,6% en 1996.

 

L'étude rappelle que la théorie économique définit certaines fonctions dites « premières » de l'État et qui peuvent promouvoir l'efficacité et favoriser la croissance économique. Il s'agit notamment : (1) du rôle protecteur de l'état (protection des individus et de leur propriété contre le pillage, garantie d'exécution des contrats, bon fonctionnement du système judiciaire pour le règlement des conflits) et (2) de la production de biens et services dits publics que, pour toutes sortes de raisons comme les routes ou la défense nationale, il s'avère difficile d'obtenir par le marché. En 1992, ces fonctions premières de l'Etat représentaient pour les pays de l'OCDE moins de 15% du PIB. Aux Etats-Unis, ces dépenses sont passées de 15,98% en 1960 à 14,16% en 1992. Même en Suède où le secteur public est très développé, la part de ces fonctions premières était de 13,3% en 1992.

 

Ces dépenses publiques ont un rendement élevé mais l'expansion des dépenses par delà ces activités essentielles, conduit à un rendement décroissant pour les raisons suivantes :

- plus les taxes et les emprunts supplémentaires requis pour financer les dépenses de l'État s'élèvent, plus le fardeau de ces prélèvements s'appesantit sur l'économie,

- à mesure que l'État prend de l'expansion,

a) sa productivité décroît, à mesure que la part des ressources canalisées vers les activités inappropriées à l'administration publique, les rendements tourneront négatifs et c'est la croissance économique du pays entier qui en souffrira

b) le redistributionnisme et l'activisme réglementaire prennent invariablement le dessus sur ses autres activités

- le processus politique gêne l'entrepreneuriat qui sert d'assise à la croissance économique ; là où les marchés suscitent vigilance et pénalisent sur-le-champ et durement les décideurs mal inspirés, le secteur public s'avère lent à réagir et à s'ajuster aux changements.

 

Trois pays de l'OCDE ont connu des périodes d'expansion de l'Etat suivies de périodes d'amaigrissement de l'Etat : l'Irlande, la Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni. A chaque fois, le taux de croissance a été supérieur lors de la période d'amaigrissement. Par exemple, la Nouvelle-Zélande a eu un taux de croissance de 1,2%/an sur 1974-1992 avec une part de l'Etat croissant de 34,1% à 48,4% du PIB suivi d'un taux de 3,9%/an sur 1993-1996 avec une part de l'Etat diminuant de 48,4% à 42,3% du PIB. De même, l'Irlande est passée de 3,4% à 5,4% de croissance annuelle quand la part de l'Etat est passée successivement de 43,7% à 52,3% puis 37,7% sur les périodes 1977-1986-1996.

 

On observe que les résultats en termes de croissance et les prévisions ne cessent de confirmer cette relation. Les prévisions récentes du FMI confirment la capacité de rebond des Etats-Unis avec une croissance de 3% en 2010 alors que la zone euro se traîne avec 0,8% pour 2010 et 1,5% pour 2011. Même l'Allemagne qui parait-il, bénéficie du moteur de ses exportations, ne devrait croître que de 1,2% en 2010 et 1,7% : à l'évidence, son secteur public important l'empêche de vraiment accélérer. Le drame de la zone euro et de la France est que la grande majorité des pays la composant, connaissent une part de l'Etat supérieure à 50%. Leur croissance ne décollera jamais tant que l'Etat n'aura pas suffisamment maigri !

 

Et le drame du gouvernement actuel de la France et de son Président est qu'ils n'ont pas réussi à diminuer les dépenses publiques, ne serait-ce que de 5 points depuis 2007 : cela aurait permis d'augmenter le potentiel de croissance de 0,5% !

 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 19:16

Commentant la crise grecque actuelle, Paul Klugman, prix Nobel d'économie 2008, qui signe des éditoriaux dans le New York Times depuis 1999, avance dans un de ses articles publié le 16 février 2010 (article repris par Courrier International) que l'Europe n'était pas prête pour une monnaie unique quand l'Euro a été adopté. La seule solution pour que l'Euro puisse fonctionner, serait de faire avancer l'Europe vers une Union politique, de sorte que les pays européens opèrent comme les Etats Unis d'Amérique. Le problème fondamental de l'Euro serait l'« hubris » – l'orgueil démesuré, des dirigeants européens qui ont créé cette monnaie unique alors qu'ils savaient que l'Europe n'était pas prête.

 

Paul Klugman n'a cependant pas perçu que la manière dont l'Euro a été créé correspond tout à fait à toutes les créations européennes antérieures : une démarche pas à pas, pragmatique et progressive, telle que l'a conçu Jean Monnet et les autres pères fondateurs. Cette démarche a commencé avec la Communauté du charbon et de l'acier à six créée le 18 avril 1951, puis le Traité de Rome du 25 mars 1957, ensuite les élargissements successifs, le traité de Maastricht de 1992 et tout dernièrement le traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009. Chaque fois, la communauté s'est approfondie ou s'est élargie, les nouveaux entrants adoptant les accords signés antérieurement. Comme l'espace Schengen, la création de l'Euro constitue une opération très pragmatique dans laquelle seuls les Etats prêts à participer ont signé l'accord.

 

Ce qui a porté avec succès cette démarche sur près de 60 ans, est la volonté des hommes politiques. Les plus profondément européens ont été les tandems franco-allemands : De Gaulle-Adenauer, Giscard d'Estaing-Schmidt, Mitterand-Kohl. Ce sont eux qui ont été les moteurs de l'intégration, ayant toujours en mémoire l'horreur des anciens conflits et pour vision un rapprochement des Etats qui les bannisse à jamais.

 

Les difficultés auxquelles nous faisons face maintenant, notamment avec la crise grecque et aussi tout récemment avec des menaces sur le Portugal, résultent en partie du fait que le processus d'intégration s'est arrêté avec la création de l'Euro. Les historiens ne manquent pas de rappeler que d'anciennes unions monétaires comme l'Union Latine, se sont dissoutes faute de les avoir « approfondies ». A l'évidence, les tiraillements entre les partenaires se font de plus en plus fort quand les politiques fiscales, budgétaires et économiques divergent, ce que l'évolution récente n'a fait qu'exacerber, alors que la politique monétaire n'est plus de leur ressort depuis depuis le 1er janvier 2002.

 

Ce dont les hommes politiques devraient prendre conscience, c'est qu'il est urgent et important de redémarrer le processus d'intégration dans ces domaines : fiscal, budgétaire, économique. Le projet de Fonds Monétaire Européen est sûrement une bonne chose, dans la lignée des initiatives antérieures, pragmatiques et communautaires. Mais cela ne suffit pas, d'autres initiatives de relance dynamique sont nécessaires. Finalement, la crise grecque a un aspect positif dans la mesure où elle fait apparaître les insuffisances de la situation actuelle, que s'impose la nécessité de plus d'Europe et que cela pénètre la conscience des Européens. Espérons que ces derniers vont faire pression sur les politiques pour qu'ils dépassent leurs considérations locales – notamment les enjeux électoraux de court terme, et mettent en oeuvre une vision commune de l'avenir.

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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 23:31

Ces derniers jours, nous avons eu droit à toutes sortes d'explications et d'interprétations sur le taux élevé d'abstention – supérieur à 50%, aux élections régionales des 14 et 21 mars 2010.

 

Ce qui me paraît à la fois étonnant mais aussi parfaitement explicable, c'est que personne n'a osé mentionner 1)  l'idée imprécise que la plupart des électeurs ont du rôle de la région et 2) le mode de scrutin et de détermination des élus. A mon sens, tous les politiques sont complices de l'état de fait actuel et ne sont pas prêts à le remettre en question.


Depuis que les régions ont été créées, aucune autre collectivité n'a été supprimée. Le millefeuille des institutions s'est épaissi et l'électeur moyen a beaucoup de difficultés pour déterminer quels sont les rôles et responsabilités de chacune d'entre elles. On vote chaque année : les municipales, les européennes, les régionales, la présidentielle, les députés … Un certain désintérêt s'installe et l'électeur est conduit à faire des choix et à se déplacer seulement pour les élections qu'il considère comme les plus importantes. Sûrement pas les régionales !

 

D'une part le scrutin de liste – et c'est aussi le cas pour les élections européennes, fait qu'on ne vote pas pour "son conseiller régional" mais pour une liste impersonnelle sur laquelle on ne sait pas qui siègera finalement au conseil régional. Corrélativement, personne ne peut demander des comptes sur son action à un conseiller régional déterminé. Ce type de scrutin est à comparer aux autres élections directes : présidentielle, assemblée nationale, conseil général des départements, où les électeurs votent clairement pour un candidat unique et sont ainsi conduits à le regarder comme leur représentant. Le lien est alors beaucoup plus fort entre élu et électeurs et la motivation pour participer aux élections l'est aussi.

 

D'autre part le système de désignation du nombre d'élus qui favorise la liste arrivée en tête, conduit les électeurs à ressentir que le résultat des élections ne correspond pas fidèlement au rapport des votes exprimés. L'idée sous-jacente de dégager une majorité à tout prix pour l'assemblée régionale ne peut guère se justifier. Elle peut avoir du sens pour les élections nationales dont les enjeux sont plus importants et pour lesquelles la stabilité de la majorité de gouvernement reste un impératif face aux mauvais souvenirs laissés par la 4è république lorsque la représentation nationale était proportionnelle. Les électeurs ne sont-ils pas conduits à penser que les résultats sont "manipulés" du fait de ce système et que cela ne vaut pas la peine de se déranger pour voter ? Un mode de désignation proportionnel au nombre de voix avec un seuil minimum serait plus clair pour les électeurs et la gestion par les conseils régionaux serait sûrement plus consensuelle.

 

Il est urgent de simplifier nos institutions et la réforme en cours va dans la bonne direction !
Il serait aussi nécessaire de rendre ces élections comme d'ailleurs les élections européennes, plus "normales" en remplaçant le système de liste par des élections personnalisées. Mais alors les conseillers élus seraient plus légitimes et mieux connus de leurs électeurs, ils prendraient plus de poids, ce qui constituerait une menace pour les vieilles institutions en place et leurs défenseurs, les autres élus !

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