Voilà un titre qui fera bondir certains de mes lecteurs ... Pourtant une étude de James Gwartney, Randall
Holcombe et Robert Lawson publiée en 1998 inspirée par une étude réalisée pour le Joint Economic Committee du Sénat et de la Chambre des Représentants américains, démontre qu'il existe une
relation négative, forte et durable, entre la taille de l'État mesurée par les dépenses publiques et la croissance du produit intérieur brut.
Cette relation a été vérifiée tant pour les économies développées (les 23 pays de l'OCDE) que pour un
ensemble élargi de 60 pays du monde entier. La traduction de cette étude en français est disponible sur le site de l'Institut Économique de Montréal (IEDM). Cette étude a été récemment actualisée
et la relation négative a été confirmée.
En France, nos hommes politiques se demandent depuis longtemps pourquoi les taux de croissance de 3% et
plus que nous connaissions durant les « Trente Glorieuses » ne se reproduisent plus ; et pourquoi la plupart des économies développées ne dépassent plus le taux de 3,5%. De l'analyse
présentée par cette étude, il résulte que c'est la taille de relative de l'État et de ses dépenses qui a ralenti la croissance économique. Une réduction de 10 points des dépenses publiques
conduit à une hausse d'environ un point du taux de croissance du produit intérieur brut.
En 1960, pour l'ensemble des pays de l'OCDE, les dépenses de l'État représentaient en moyenne 27% du PIB ;
en 1996, elles atteignaient 47% du PIB. Les dépenses de l'État en France sont passées de 34,6% à 54,7% du PIB sur la même période. Pour d'autres pays très comparables, l'Allemagne, le Japon et
les Etats-Unis, les dépenses de l'Etat sont passées respectivement de 32,4%, 17,6%, 28,4% en 1960 à 56%, 36,9%, 34,6% en 1996.
L'étude rappelle que la théorie économique définit certaines fonctions dites « premières » de
l'État et qui peuvent promouvoir l'efficacité et favoriser la croissance économique. Il s'agit notamment : (1) du rôle protecteur de l'état (protection des individus et de leur propriété contre
le pillage, garantie d'exécution des contrats, bon fonctionnement du système judiciaire pour le règlement des conflits) et (2) de la production de biens et services dits publics que, pour toutes
sortes de raisons comme les routes ou la défense nationale, il s'avère difficile d'obtenir par le marché. En 1992, ces fonctions premières de l'Etat représentaient pour les pays de l'OCDE moins
de 15% du PIB. Aux Etats-Unis, ces dépenses sont passées de 15,98% en 1960 à 14,16% en 1992. Même en Suède où le secteur public est très développé, la part de ces fonctions premières était de
13,3% en 1992.
Ces dépenses publiques ont un rendement élevé mais l'expansion des dépenses par delà ces activités
essentielles, conduit à un rendement décroissant pour les raisons suivantes :
- plus les taxes et les emprunts supplémentaires requis pour financer les dépenses de l'État s'élèvent,
plus le fardeau de ces prélèvements s'appesantit sur l'économie,
- à mesure que l'État prend de l'expansion,
a) sa productivité décroît, à mesure que la part des ressources canalisées vers les activités inappropriées
à l'administration publique, les rendements tourneront négatifs et c'est la croissance économique du pays entier qui en souffrira
b) le redistributionnisme et l'activisme réglementaire prennent invariablement le dessus sur ses autres
activités
- le processus politique gêne l'entrepreneuriat qui sert d'assise à la croissance économique ; là où les
marchés suscitent vigilance et pénalisent sur-le-champ et durement les décideurs mal inspirés, le secteur public s'avère lent à réagir et à s'ajuster aux changements.
Trois pays de l'OCDE ont connu des périodes d'expansion de l'Etat suivies de périodes d'amaigrissement de
l'Etat : l'Irlande, la Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni. A chaque fois, le taux de croissance a été supérieur lors de la période d'amaigrissement. Par exemple, la Nouvelle-Zélande a eu un taux
de croissance de 1,2%/an sur 1974-1992 avec une part de l'Etat croissant de 34,1% à 48,4% du PIB suivi d'un taux de 3,9%/an sur 1993-1996 avec une part de l'Etat diminuant de 48,4% à 42,3% du
PIB. De même, l'Irlande est passée de 3,4% à 5,4% de croissance annuelle quand la part de l'Etat est passée successivement de 43,7% à 52,3% puis 37,7% sur les périodes
1977-1986-1996.
On observe que les résultats en termes de croissance et les prévisions ne cessent de confirmer cette
relation. Les prévisions récentes du FMI confirment la capacité de rebond des Etats-Unis avec une croissance de 3% en 2010 alors que la zone euro se traîne avec 0,8% pour 2010 et 1,5% pour 2011.
Même l'Allemagne qui parait-il, bénéficie du moteur de ses exportations, ne devrait croître que de 1,2% en 2010 et 1,7% : à l'évidence, son secteur public important l'empêche de vraiment
accélérer. Le drame de la zone euro et de la France est que la grande majorité des pays la composant, connaissent une part de l'Etat supérieure à 50%. Leur croissance ne décollera jamais tant que
l'Etat n'aura pas suffisamment maigri !
Et le drame du gouvernement actuel de la France et de son Président est qu'ils n'ont pas réussi à diminuer
les dépenses publiques, ne serait-ce que de 5 points depuis 2007 : cela aurait permis d'augmenter le potentiel de croissance de 0,5% !