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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 19:40

Par bien des aspects, Eurofins est une entreprise de croissance idéale, telle qu'on en aimerait voir se multiplier dans le paysage industriel français.

 

Son fondateur, Gilles Martin a à son actif, la création d'Objectifs Maths avec Hervé Lecat dès sa première année à l'Ecole Centrale Paris. Cette société proposait un soutien scolaire aux élèves en difficulté par des étudiants en Grandes Ecoles. Aux Etats-Unis où il effectue un service VSNE, il travaille au sein d'une start-up qui développe des logiciels d'imagerie médicale en résonance magnétique nucléaire (RMN). A son retour en 1987, il fonde Eurofins en rachetant les droits d'un procédé d'analyse RMN des produits, découvert dans les labos de l'université de Nantes par ses parents. Ce procédé permettait de déterminer les composants avec lesquels les vins ont été fabriqués puis a été étendu aux jus de fruit et autres boissons non alcoolisées.

 

A partir de 1997, Eurofins a fait l'acquisition de laboratoires d'analyse, dotés de technologies et d'un savoir-faire uniques tout en s'implantant dans de nouveaux pays. Ce développement a été financé notamment par une introduction au Nouveau Marché en 1997 et au Neuer Markt en 2000, Gilles Martin et sa famille conservant le contrôle. En 2000, Eurofins avait 1000 employés, 30 laboratoires dont 2/3 en Europe et un chiffre d'affaires de 60 millions €. L'offre s'est considérablement élargie dans trois métiers : analyses alimentaires, pharmaceutiques et environnementales et sur des niches clés comme l’information génomique et l’analyse des contaminants.

 

Dans les années 2000, Eurofins a poursuivi une stratégie d'intégration des laboratoires, visant à améliorer sa compétitivité, tout en combinant croissance organique et acquisitions ciblées. Avec plus de 10 000 employés, 150 laboratoires dans 30 pays en Europe, en Amérique et en Asie, Eurofins a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires consolidé de 829 millions € et un bénéfice net de 57 millions €. Le portefeuille du groupe est riche de plus de 100 000 méthodes d'analyse.

 

Le projet est de poursuivre la croissance en s'appuyant sur ce portefeuille, en l'élargissant, sur l’accroissement des ventes croisées entre laboratoires à l’intérieur du groupe et sur l'ouverture de nouveaux laboratoires en Chine et en Asie. Le groupe souhaite devenir le numéro un mondial des services bio-analytiques.

 

Le déménagement du siège à Luxembourg

 

Le 2 mai 2007, la société holding du groupe Eurofins Scientific dont le siège est à Nantes, s'est transformée de société anonyme en société européenne. Le groupe est déjà organisé en sociétés holding par branche d'activité, avec siège au Luxembourg. Lors de l'assemblée générale des actionnaires du 11 janvier 2012, une majorité de près de 85% s'est prononcée pour le transfert du siège à Luxembourg. Un seul actionnaire minoritaire ayant demandé le rachat de 316 actions à 63 €, le conseil d'administration du 2 mars 2012 a donné le feu vert à l'opération.

 

Pourquoi ce déménagement ? Le groupe souhaite tranquilliser tout le monde en indiquant que les laboratoires situés à Nantes qui emploient plus de 500 personnes, vont y rester et que Nantes reste le siège des activités françaises. Eurofins reste cotée sur le marché boursier de Paris. Le communiqué de la société du 17 janvier 2012, souligne que les objectifs sont de renforcer l'intégration juridique et financière du Groupe et d'améliorer son organisation et sa compétitivité. Selon Les Echos, Gilles Martin aurait déclaré que le déménagement est prévu parce que « le centre de gravité économique du groupe s'est déplacé progressivement vers l'Europe du Nord. » Ce que dit Gilles Martin est bien sûr vrai avec des ventes 2011 réparties entre France : 18%, Allemagne : 21%, Europe du Nord : 18%, Benelux : 9% et UK+ Irlande : 6% du total. Il ne serait pas « motivé par des raisons fiscales ou de droit des sociétés plus favorables aux actionnaires majoritaires au Luxembourg. » En fait, l'intégration des holdings de branches d'activité avec la holding de tête dans le même pays, permet sûrement de simplifier les obligations de l'ensemble vis à vis des services fiscaux. Déjà au départ, Eurofins a choisi de longue date d'établir ses holdings de branche à Luxembourg, visant une réduction des coûts administratifs et juridiques. La cerise sur le gâteau sera une diminution des charges patronales pour les employés du siège et une réduction du taux de TVA ; mais ce sont a priori des économies marginales. Ce transfert permet au groupe de s'affranchir de l'instabilité fiscale qui est une maladie française chronique, avec des instructions de plusieurs centaines de pages chaque fois qu'une nouvelle mesure est mise en place par les technocrates de Bercy, qu'il est vraiment très coûteux de maîtriser quand on est une ETI de forte croissance comme Eurofins.

 

Eurofins est assurément un petit groupe comparé aux mastodontes du CAC40, mais je suis prêt à parier que cela va donner des idées aux grands groupes, surtout lorsque les candidats à la présidentielle annoncent qu'un impôt sur le chiffre d'affaires sera institué. Et il faudra envisager le doublement de l'autoroute Metz – Luxembourg pour permettre aux français d'aller travailler là-bas chaque jour sans difficulté.

 

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commentaires

S
Yeah mate, though this article described about the Eurofins and their company deals, one could get some information about the market statistics then and now. Articles like this could get people enlightened about some market analysis. Thanks for the share.
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E
Si vous comptez s'installer au Luxembourg, et que vous êtes à la quête de nouvelles opportunités de carrière. Essayez la recherche emploi en ligne, elle vous sera hyper utile.<br /> Bon courage.
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W
Thanks for the share on the title A star ETI moved to Luxembourg: Eurofins as such sharing is a source of great learning and lesson for the new and established industries worldwide. The reason why I land on your page is the quality information.
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P
Eurofins : Les salariés se mobilisent face aux licenciements boursiers...<br /> <br /> Mercredi dernier, une grande partie des salariés de la division environnement du laboratoire EUROFINS était en grève. A l'initiative du laboratoire bordelais, ex-Laboratoire Municipal de Bordeaux,<br /> puis Institut Pasteur Lille, certains avaient fait le voyage jusqu'à Paris pour manifester de façon collective Place de la Bourse, lieu hautement symbolique en regard du traitement dont ils font<br /> l'objet de la part de la direction de leur entreprise.<br /> <br /> En effet, Eurofins, qui a fait en 2011 quasiment un milliard de chiffre d'affaire et qui a engrangé dans le même temps 57 millions d'euros de bénéfices, soit plus du double par rapport à 2010,<br /> rachète puis démantelle les laboratoires régionaux, détruit de façon définitive les emplois, et ce pour des raisons purement boursières et pour accroitre de façon éhontée ses profits alors qu'il<br /> n'a pas la moindre difficulté financière...<br /> <br /> Toujours dans cette même logique boursière et financière - celle-ci n'ayant décidément rien à voir avec la logique tout court - le groupe délocalisé au Luxembourg depuis juin 2012, n'hésite pas à<br /> supprimer les activités rentables du laboratoire bordelais, veut les contraindre à céder l'ensemble de leur outil de travail pour le leur relouer à prix d'or en suivant (ce qui videra l'entreprise<br /> de sa substance, celle-ci ne possédant plus aucun actif et donc plus aucune valeur marchande), et licencie les salariés par petits groupes pour éviter un plan social... Au delà, et alors que le<br /> laboratoire bordelais n'est pas en déficit, Eurofins par le biais de manoeuvres purement comptables, alourdi les charges pesant sur le bilan financier de celui-ci afin de justifier les<br /> licenciements et le sabordage d'une entité qui fonctionne mais qui ne rentre pas dans le moule de la mutinationale. En effet, Eurofins ne conçoit l'analyse que dans le cadre d'un processus<br /> industriel, qui doit lui rapporter gros à court terme, peu importe le service au client ou même la qualité de ce service, l'important étant la capitalisation boursière et le dividende versé à<br /> l'actionnaire..... Cela en dit long sur l'éthique réelle de ce groupe, aux antipodes de celle affichée dans les documents proposés aux investisseurs et dans lesquels Eurofins, c'est l'analyse dans<br /> le monde merveilleux des bisounours !<br /> <br /> Si on cherche un peu plus loin, on constatera que le groupe Eurofins est structuré en une multitude de petites entités de type SARL, juridiquement indépendantes, lui évitant ainsi la présence de<br /> syndicats trop encombrants, divisant par la même le salariat, et contournant aussi la réglementation en matière de Comité d'entreprise etc...<br /> <br /> Brefs, vous l'avez compris, les patrons voyous, ça existe bel et bien, en France, en 2012, sous nos yeux, et ceux d'Eurofins sont en tête de la liste.<br /> <br /> Malheureusement, lorsqu'il s'agit de santé publique, c'est très grave, puisque le laboratoire bordelais a la charge, entre autres, du contrôle de la potabilité de l'eau du robinet, des aliments et<br /> des eaux de baignade... En délocalisant ces analyses, en les confiant à des usines situées aujourd'hui à l'autre bout du pays mais peut-être demain à l'autre bout du monde ( Eurofins est présent<br /> dans plus de 33 pays ), et au sein desquelles on ose recruter des experts avec Bac +5 en leur proposant un salaire de 1500 euros, on mesure le risque que l'on fait courir à la population dant la<br /> santé dépend de ces analyses et de leur rapidité d'éxécution... Car encore une fois, la vocation d'Eurofins, ce n'est pas l'analyse mais le profit. Et si le microbiologiste chinois est moins cher<br /> que le technicien français, je vous laisse imaginer l'avenir...<br /> <br /> Aujourd'hui, Bordeaux et sa région disposent d'un laboratoire local, où travaillent des spécialistes dont le sérieux et la compétence sont connus et reconnus à l'échelon national. Il participe<br /> quotidiennement à la santé publique. Sa disparition entrainera la disparition définitive de plus de 100 emplois, et une perte énorme en matière de sécurité alimentaire et environnementale.<br /> <br /> Ne laissons pas la logique boursière mettre en danger notre santé !
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D
Juste une note rapide pour dire que j'ai bien apprécié la pertinence du sujet traité. Tout à fait utile pour les recherches que j'effectue en ce moment. Bien le bonjour de Montréal.
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