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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 11:35

 

Dans un récent point de vue publié dans les Echos (16 juillet 2010), Eric Archambeau met en avant un concept qui semble inconnu de nos politiques et de nos agitateurs d'idées : le bouclier social.

 

Eric Archambeau nous apprend ainsi que dans la plupart des pays d'Europe, les charges sociales patronales sont plafonnées. Par exemple en Allemagne, le plafond est de 20 000 € ; en Espagne, il est de 18 000 €. En France, il n'y a pas de plafond …

 

On peut noter au passage que les prestations telles que l'assurance maladie sont les mêmes pour tous, quel que soit le montant des cotisations. Il en est de même bien sûr de la retraite de la Sécurité Sociale. Le surplus de cotisations versé avec les hauts salaires va dans le trou noir du financement de la Sécurité Sociale pour être redistribué à tous, avec naturellement des frais de gestion importants au passage. C'est cela l'égalité telle que le conçoit la plupart de nos compatriotes.

 

Il résulte de ce non plafonnement que, lorsqu'ils comparent le coût global d'une équipe dirigeante dans les différents pays d'Europe, en vue de la localisation de leur siège européen, les groupes internationaux qu'ils soient américain, indien, chinois ou japonais, ne choisissent pas la France pour s'installer. Ebay s'est installé en Suisse. Arcelor Mittal est au Luxembourg. Google hésite entre Irlande et Suisse.

 

Eric Archambeau souligne qu'en particulier dans le domaine des technologies et de l'Internet, où la croissance internationale est rapide et les métiers très porteurs d'avenir, de nombreuses sociétés cherchent potentiellement à s'installer en Europe, il est important que les jeunes français puissent facilement y faire leurs armes. Il cite notamment l'exemple de Bernard Liautaud et Denis Payre qui ont eu jeunes, des responsabilités au siège d'Oracle à Paris avant de créer Business Objects.

 

Mais à l'heure où la pensée unique propagée par les médias est de vilipender le bouclier fiscal, il sera bien difficile de faire passer ce bouclier social. La réprobation souvent observée à l'encontre des hautes rémunérations n'est pas non plus un facteur favorable. Il faut bien se dire que les cotisations sociales non plafonnées n'empêcheront jamais les hauts salaires, ceux-ci étant dictés par le marché international des cadres dirigeants. Il serait donc plus sage de s'aligner sur les conditions fiscales et sociales rencontrées dans les autres pays d'Europe et suivre le conseil d'Eric Archambeau : plafonner les cotisations à hauteur d'un salaire annuel de 100 000 €. Sur ce point comme beaucoup d'autres, cessons de nous tirer des balles dans le pied et de provoquer des délocalisations non réellement souhaitées par ceux qui partent.

 

Eric Archambeau, ingénieur de Centrale Lyon, a créé plusieurs entreprises de technologie dans la Silicon Valley et s'est récemment impliqué dans le développement du site Internet de réseau Xing. Il s'est engagé dans le capital risque avec Atlas Venture, et en Europe avec Benchmark Capital puis Wellington Partners qu'il dirige actuellement. Eric est un des cofondateurs de Social Impact et a lancé le département d'Entrepreneuriat social à l'INSEAD.

 

 

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commentaires

P
<br /> J'ai bien compris le raisonnement, mais il me semble qu'en toile de fond, il faut bien juguler l'énorme gabegie liée à la sur-représentation des syndicats en France. Limiter les revenus de la sécu<br /> et du reste (c'est le cas du très judicieux bouclier social) alors que les dépenses sont vertigineuses me paraît ... ambitieux. Je me demande parfois si ce n'est pas au pied du gouffre (comme la<br /> Grèce) que la France fera ses réformes...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> C'est peu après la seconde guerre mondiale que, faible, vaincue et isolée, la France a conclu un accord mou avec l'URSS. Il s'agissait de laisser un grand espace aux organisations d'inspiration<br /> communiste en France en échange d'une certaine "indépendance" et une tolérance de relations avec les USA ainsi que la bombe atomique. Le prix payé est énorme. Un nombre incalculable de piliers de<br /> la société sont aux mains des syndicats. Le système éducatif est marxiste et la télévision est un parfait modèle de propagande à la soviétique. Tu parles de bouclier social. La première étape<br /> serait de forcer les syndicats à fusionner pour limiter leur appétit de mandats et sièges divers. L'étape suivante serait de limiter le nombre de ces organismes fictifs. L'étape suivante serait<br /> einfin de rétrocéder les économies ainsi faites, par le moyens, par exemple, du bouclier social.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Il est certain que l'Etat français finance pour une grande part les syndicats soit directement soit indirectement.<br /> Cela a d'ailleurs un effet pervers pour les syndicats eux-mêmes : leurs ressources dépendant peu des cotisations de leurs adhérents, ils sont moins à l'écoute des vrais besoins des salariés. Une<br /> réduction de ce financement pourrait contribuer à la baisse du déficit public pour le plus grand bien de notre économie et des générations futures.<br /> <br /> Ce que propose Eric Archambeau avec le bouclier social, est d'augmenter l'attractivité de la France. C'est un pari qu'au prix d'une diminution des charges sociales sur les hauts salaires, de<br /> nouvelles opportunités seraient créées qui entraineraient de nouveaux emplois donc des ressources nouvelles pour le système social. On peut penser que ce pari serait gagnant non seulement sur le<br /> plan du financement global du système social mais aussi sur le plan de la qualité des emplois offerts dans les sièges européens des entreprises.<br /> <br /> <br /> <br />