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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 23:31

Ces derniers jours, nous avons eu droit à toutes sortes d'explications et d'interprétations sur le taux élevé d'abstention – supérieur à 50%, aux élections régionales des 14 et 21 mars 2010.

 

Ce qui me paraît à la fois étonnant mais aussi parfaitement explicable, c'est que personne n'a osé mentionner 1)  l'idée imprécise que la plupart des électeurs ont du rôle de la région et 2) le mode de scrutin et de détermination des élus. A mon sens, tous les politiques sont complices de l'état de fait actuel et ne sont pas prêts à le remettre en question.


Depuis que les régions ont été créées, aucune autre collectivité n'a été supprimée. Le millefeuille des institutions s'est épaissi et l'électeur moyen a beaucoup de difficultés pour déterminer quels sont les rôles et responsabilités de chacune d'entre elles. On vote chaque année : les municipales, les européennes, les régionales, la présidentielle, les députés … Un certain désintérêt s'installe et l'électeur est conduit à faire des choix et à se déplacer seulement pour les élections qu'il considère comme les plus importantes. Sûrement pas les régionales !

 

D'une part le scrutin de liste – et c'est aussi le cas pour les élections européennes, fait qu'on ne vote pas pour "son conseiller régional" mais pour une liste impersonnelle sur laquelle on ne sait pas qui siègera finalement au conseil régional. Corrélativement, personne ne peut demander des comptes sur son action à un conseiller régional déterminé. Ce type de scrutin est à comparer aux autres élections directes : présidentielle, assemblée nationale, conseil général des départements, où les électeurs votent clairement pour un candidat unique et sont ainsi conduits à le regarder comme leur représentant. Le lien est alors beaucoup plus fort entre élu et électeurs et la motivation pour participer aux élections l'est aussi.

 

D'autre part le système de désignation du nombre d'élus qui favorise la liste arrivée en tête, conduit les électeurs à ressentir que le résultat des élections ne correspond pas fidèlement au rapport des votes exprimés. L'idée sous-jacente de dégager une majorité à tout prix pour l'assemblée régionale ne peut guère se justifier. Elle peut avoir du sens pour les élections nationales dont les enjeux sont plus importants et pour lesquelles la stabilité de la majorité de gouvernement reste un impératif face aux mauvais souvenirs laissés par la 4è république lorsque la représentation nationale était proportionnelle. Les électeurs ne sont-ils pas conduits à penser que les résultats sont "manipulés" du fait de ce système et que cela ne vaut pas la peine de se déranger pour voter ? Un mode de désignation proportionnel au nombre de voix avec un seuil minimum serait plus clair pour les électeurs et la gestion par les conseils régionaux serait sûrement plus consensuelle.

 

Il est urgent de simplifier nos institutions et la réforme en cours va dans la bonne direction !
Il serait aussi nécessaire de rendre ces élections comme d'ailleurs les élections européennes, plus "normales" en remplaçant le système de liste par des élections personnalisées. Mais alors les conseillers élus seraient plus légitimes et mieux connus de leurs électeurs, ils prendraient plus de poids, ce qui constituerait une menace pour les vieilles institutions en place et leurs défenseurs, les autres élus !

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commentaires

P
<br /> Ton article est très pertinent Michel. L'abstention aux élections est le seul indicateur mesuré du divorce entre les citoyens et la gouvernance du pays. C'est d'ailleurs la définition de la<br /> démocratie qui date de 200 ans et qu'il faut réformer de toute urgence : le citoyen vote et choisit à cette occasion ceux et celles qui vont conduire les actions de gestion du pays jusqu'au<br /> prochain vote. Entre ces deux votes, le citoyen est renvoyé à sa chaumière, impuissant pour mesurer et sanctionner si besoin. S'abstenir c'est exprimer l'opinion que voter n'est plus considéré<br /> comme une action démocratique efficace. La raison ? Entre deux votes, les élus détournent le suffrage et vont à leurs petites cuisines, sans rendre compte des résultats de leurs actions, ni de leur<br /> fidélité à leurs promesses.<br /> La solution ? 1/ Augmenter les responsabilités des élus en concentrant les décisions sur une nombre restreint d'élus. En d'autres termes, diminuer le nombre d'élus. ils disposeront de moyens accrus<br /> qui les dissuaderont de cumuler le mandats. On verra ainsi arriver des élus mieux payés, plus compétents, issus de la société civile et non systématiquement fonctionnaires (profs) ou professions<br /> libérales (médecins).<br /> 2 / L'autre remède à la démission collective face à des élus illisibles et insaisissables, c'est de limiter le nombre total de mandats cumulés dans une vie. On forcera ainsi le renouvellement<br /> naturel des troupeaux d'élus. On évitera de créer des professionnels aguerris et infiniment plus exercés à durer qu'à servir la collectivité.<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Merci Philippe de ton commentaire.<br /> je suis d'accord avec toi sur le fait que le cumul de mandats et la multitude d'institutions territoriales est devenu intolérable pour nos concitoyens. En sus de l'augmentation des impôts locaux,<br /> cela développe l'irresponsabilité et devient opaque pour le commun d'entre nous.<br /> Une partie du problème est que les élus qui votent les lois (Sénat et Assemblée Nationale) sont aussi impliqués dans ces institutions et en sont bénéficiaires d'où la difficulté pour les réformer<br /> que rencontre le gouvernement actuel, même si il en a semble-t'il le pouvoir. La vérité est que nous manquons d'hommes d'Etat et que nous n'avons en gros que des hommes politiques.<br /> <br /> <br /> "La différence entre un homme politique et un homme d’Etat ?<br /> <br /> <br /> Le premier pense à la prochaine élection, le second pense à la prochaine génération" (James Freeman<br /> Clarke)<br /> <br /> <br /> <br />