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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 21:30

Du 31 octobre au 2 novembre 2011, va avoir lieu le prochain sommet des jeunes entrepreneurs des pays du G20 (SJE G20 ou G20 Young Entrepreneur Summit) à Nice. L'an dernier, le premier SJE G20 a rassemblé plus de 200 entrepreneurs à Toronto (Canada), suite au premier Sommet des jeunes chefs d’entreprises du G8, à Stresa (Italie) en 2009.

Au sommet de 2010, un mouvement a été créé : l'Alliance des jeunes entrepreneurs du G20, et il a été convenu de faire du SJE G20 un événement conjoint avec le Sommet des chefs d’État du G20. Parmi les organisateurs du sommet de Nice, l'association « Les Journées de l'Entrepreneur » milite activement pour la promotion de l'entrepreneuriat, afin de rendre l’entrepreneur populaire en France, de favoriser la croissance des PME et de rassembler les énergies publiques et privées.

 

L'étude comparative d'Ernst & Young

 

En vue du sommet de Nice, Ernst & Young (E&Y) a effectué une enquête auprès de 1000 entrepreneurs des pays du G20, dont les enseignements viennent d'être publié dans un rapport : « Entrepreneurs speak out : a call for action to G20 governments ». De cette étude, il ressort de nombreux résultats remarquables ; l'un d'entre eux, qui a été immédiatement repris par la presse française (le magazine L'Entreprise), indique que 24% seulement des entrepreneurs français considèrent que l'entrepreneuriat est encouragé par la culture et les mentalités françaises, contre 76% dans les autres pays du G20, plaçant la France au 19è rang du G20 pour cette question. Et pourtant, selon le rapport, la France se situe à la 4è place pour le nombre de créations d'entreprise pour 1000 actifs par an – mais ceci n'inclut-il pas les auto-entrepreneurs, qui, à mon sens, ont gonflé artificiellement nos statistiques ?


Pensez-vous que la culture de votre pays encourage l'entrepreneuriat ?

Entrepreneurship1 

 

Le contraste entre cette opinion et la réalité, ne reflète-t-il pas la « schizophrénie » si répandue dans notre pays ? à titre d'exemple : la volonté affichée des politiques au pouvoir de soutenir les entrepreneurs, mais, derrière eux, une administration notamment fiscale toute puissante qui maintient un carcan législatif, règlementaire et souvent coercitif, étouffant pour les petites entreprises ; des politiques fiscales en faveur des entreprises comme le crédit impôt-recherche, la statut de JEI (jeune entreprise innovante) ou la loi TEPA, mais une instabilité chronique de ces politiques perturbant la gestion des entreprises et leur financement et pouvant même les mettre en difficultés ; des opinions très critiques sur l'état de l'économie en général, mais une relative satisfaction sur la situation personnelle de chacun (ceci a été notamment validé par des enquêtes de l'INSEE et de Gallup : les français sont individuellement satisfaits et optimistes sur leur vie personnelle et pessimistes sur leur sort collectif) 

Le problème de fond en France apparaît en fait, non dans le nombre de créations d'entreprise qui est sans aucun doute honorable, mais dans les difficultés que rencontrent les jeunes entreprises pour croître et se développer.

 

Pouvoir rebondir après un échec entrepreneurial : un facteur décisif

 

E&Y souligne que les pays où 1) il y a une plus grande tolérance vis-à-vis de l'échec des entrepreneurs (13è rang pour la France), et 2) l'échec n'est pas considéré comme un obstacle pour entreprendre à nouveau mais au contraire une opportunité pour apprendre (18è rang pour la France devant l'Allemagne !), ces pays possèdent la culture entrepreneuriale la plus forte. Ainsi les pays en tête pour la vigueur de leur culture entrepreneuriale qui sont, dans l'ordre : l'Inde, la Chine, le Canada, les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et la Corée du sud, se retrouvent en tête du classement sur l'opportunité pour apprendre et où l'échec est l'obstacle le plus faible pour de nouveaux projets. Il y a donc décidément un lien entre ces deux facteurs et une culture entrepreneuriale forte.

Il est certain que, dans notre beau pays où la faillite a longtemps été passible de poursuites pénales (voir les romans de Balzac), où les dirigeants d'entreprises mises en redressement judiciaire, ne peuvent pas en gérer de nouvelles au moins pendant quelque temps, il est très difficile de surmonter le handicap d'un échec. Dans beaucoup d'autres pays, notamment aux Etats-Unis, un investisseur fera plus confiance à un entrepreneur qui a déjà essuyé des échecs plutôt qu'à un novice. En France, cela sera plutôt l'inverse. Vu les résultats comparés dans les deux pays, cherchez l'erreur ?

 

Comment faire évoluer cette situation ?

 

L'étude d'E&Y donne plusieurs pistes ; il est en particulier constaté que, dans les pays matures (Europe, Japon, Etats-Unis), les femmes sont deux fois moins présentes à la tête d'entreprises que les hommes ; par contre, dans les pays émergents, les femmes entrepreneurs apportent une contribution essentielle à la croissance économique : l'entrepreneuriat dans les pays matures ne serait-il pas plus dynamique si la création et la direction d'entreprises par des femmes étaient favorisées ? Les chercheurs, notamment au sein du GEM (Global Entrepreneurship Monitor), ont pu déterminer que les femmes ont une perception différente du monde qui les entoure dans des situations équivalentes ; d'où la conclusion que la diversité accrue née d'un meilleur équilibre entre hommes et femmes à la tête d'entreprises, conduit à une croissance économique améliorée.


 

Cinq axes d'action ont été proposés aux répondants de l'enquête – par ordre d'importance décroissante selon les résultats :

- la promotion des réussites d'entreprise,

- la promotion du rôle des entrepreneurs dans la création de nouveaux emplois,

- la promotion d'opportunités de carrière offertes par l'entrepreneuriat,

- la promotion de la dynamique de croissance et de risque de l'entrepreneuriat,

- l'amélioration de la perception de l'échec entrepreneurial,

 

La promotion des réussites

 

Le tout premier axe est d'assurer la promotion des réussites d'entreprise au sein d'une part des universités et des écoles et d'autre part dans les médias. Les résultats de l'étude sur ce point sont absolument convaincants : à la question, y a-t-il des programmes spécifiques dans votre pays qui assurent la promotion d'histoires de réussite ? 1º à l'université, 2º dans les médias ? La Turquie, la Chine, les Etats-Unis, le Canada et l'Inde arrivent en tête avec des scores de 60 à 80% dans les deux catégories. La France se situe parmi les derniers avec des scores respectifs de 30 et 43%, largement en-dessous de l'Allemagne, du Japon et de la Grande Bretagne. Nous avons, on le constate sur ce point, un grand chemin à parcourir !

 

La création de nouveaux emplois

 

Sur le rôle des entrepreneurs dans la création de nouveaux emplois, un consensus semble s'être établi dans notre pays : les petites et moyennes entreprises sont les plus créatrices d'emploi. Mais là encore la schizophrénie règne : tout le monde serait d'accord pour faciliter la création d'emplois par les entrepreneurs mais les obstacles à la croissance sont nombreux ne serait-ce que les fameux seuils qu'on ne cesse d'accumuler et qui sont autant d'éléments dissuadant nombre d'entrepreneurs de faire grossir leur entreprise. Le dernier en date concerne le seuil (fixé à 50 employés) de l'obligation de mise en place d'une prime quand les dividendes versés aux actionnaires augmentent. Je pourrai citer un chef d'entreprise que j'ai rencontré cette année et qui m'a affirmé qu'il ne dépasserait jamais le seuil de 50 employés ; pourtant, l'entreprise se développe vigoureusement et a vu son chiffre d'affaires augmenter de 50% en 5 ans à effectif quasi constant (45 employés) avec un bon potentiel à l'international. On peut se demander si quelqu'un parmi nos gouvernants s'est jamais demandé quels étaient les coûts additionnels induits par les passages de 10 à 11, de 49 à 50 employés ! Alors comment faire la promotion du rôle des entrepreneurs dans la création d'emploi alors que, comme ce dernier, de très nombreux chefs d'entreprise refusent d'envisager de nouveaux recrutements et une croissance de l'effectif ? 

J'ose à peine évoquer une solution : mettre en place progressivement la TVA sociale comme l'ont fait nos amis au-delà du Rhin avec succès, en commençant par supprimer ces fameux effets de seuil. Cette idée risque fort de ne pas avoir beaucoup de succès tant nos politiques sont tétanisés par l'idée même d'évoquer la TVA sociale. Mais je la lance tout de même !

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commentaires

P
Tres bon article. Que du bon sens!
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