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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 21:30

Le microcredit popularisé par Muhammad Yunus au Bengladesh depuis les années 70, permet à des entrepreneurs pauvres des pays émergents de financer des projets, de créer des activités ou d'améliorer l'efficacité d'une production, par exemple acheter une machine agricole ou un métier à tisser. Les microcredits sont généralement distribués par des institutions dites de microfinance (MFI). Ces institutions se déplacent jusque dans les endroits les plus isolés, valident les projets, prêtent les fonds et collectent les remboursements. Les sommes prêtées sont toujours des petits montants, à partir de 20€ jusqu'à 500 € et les institutions se rémunèrent via les intérêts. La conjonction du petit montant des prêts et des méthodes diffuses de distribution, fait que les taux d'intérêt sont élevés entre 20 et 30%. Les MFI ont d'abord été financée par des subventions et trouvent maintenant leur fonds auprès des banques et d'investisseurs institutionnels.

 

Depuis plus de 5 ans, des plate-formes se sont mises en place sur Internet qui permettent aux particuliers comme vous et moi, de sélectionner des projets et de prêter des petites sommes en quelques clics. Créée en 2005 par Matt Flannery et Jessica Jackley, Kiva est la plus importante de ces plate-formes avec plus de 500 000 membres, plus de 500 000 emprunteurs situés dans 60 pays et un montant total prêté de 217 millions $. Lancée en septembre 2008 en France, Babiloan a actuellement 10 000 membres et a prêté près de 2 millions €. Et fin 2010, PlaNet Finance, l'ONG de Jacques Attali, a lancé Microworld qui a maintenant plus de 2 000 membres.

 

Les membres prêtent de petites sommes sans intérêt qui sont agrégées par la plate-forme pour constituer le financement de l'ensemble d'un projet. Une fois le financement obtenu, celui-ci est transféré à l'institution de microfinance qui le verse directement au porteur du projet.

 

Naturellement de nombreux prêteurs sont séduits par l'idée de contribuer quasiment directement au financement d'un projet de micro-entrepreneur dans un pays émergent. Grâce à Internet, une foule de projets sont proposés et le prêteur choisit le projet qu'il souhaite financer ; il a le sentiment d'intervenir directement. On s'attachera bien sûr à vérifier la transparence de la plate-forme et comment elle est elle-même financée.

 

Avec Muhammad Yunus, on peut penser que financer des projets grâce au microcrédit est plus pérenne que verser des subventions. Prenons l'exemple d'un tisserand qui souhaite lancer son activité. Au lieu de donner au tisserand un métier à tisser via une subvention, avec le microcrédit, on lui donne les moyens d'acheter ce métier, espérant que les revenus de son activité lui permettront de rembourser le prêt. Cela amène le tisserand à gérer son entreprise de sorte qu'elle crée de la valeur et se développe. Si le tisserand reçoit son métier sans avoir rien à donner en retour, l'incitation à créer et développer sera très probablement moins forte.

 

Le microcrédit en ligne participe d'un phénomène que l'on constate ailleurs avec les business angels et certaines sociétés de capital risque (comme ISAI, Jaina, Kima Ventures) : le rapprochement des financeurs personnes physiques et des entrepreneurs. Est-ce que nous n'assistons pas à la décadence des états (subventions à l'efficacité douteuse, surtout dans le domaine de l'aide au développement) et des banques (toujours plus de régulation, Bâle III,...) dans le financement de l'économie ? Il est certain que, avec le microcrédit en ligne, à condition que la transparence soit garantie, la chaîne d'intermédiation sera plus courte et son coût plus faible et le financement atteindra plus certainement son objectif. Sans risque, on peut souhaiter beaucoup de succès au microcrédit en ligne !

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