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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 15:02

Certains peuvent s'interroger pourquoi Henri Proglio va très probablement être le prochain PDG de l'EDF. Ne serait-il pas simplement parce qu'il est franc-maçon et que l'Elysée a fini par abandonner en rase campagne après avoir subi l'assaut de tous les frères bien placés pour enfin accepter qu'il soit nommé ?

 

Cela doit être ce qu'on appelle la gouvernance de l'Etat et des entreprises publiques. Depuis toujours, l'EDF est un bastion franc-maçon. C'est parait-il ce qui a empêché la nomination de Francis Mer sous le gouvernement Raffarin.

 

Comment croire que l'Etat soit capable de conduire une politique industrielle pour la France alors qu'il est incapable d'exercer son pouvoir d'actionnaire dans l'intérêt général de la France dans les entreprises publiques comme semble être le cas de façon récurrente pour la nomination du PDG d'EDF ?

 

Ceci rejoint l'incrédulité exprimée par de nombreux Français quand le Président de la République annonce le projet de grand emprunt pour les investissements de l'avenir, les décisions d'investissement ayant de grandes chances d'être prises sous l'influence de tel ou tel. Déjà le comité chargé de réfléchir sur les grands axes est un comité de rencontre et cela rappelle les comités du plan de l'ancienne URSS qui ont eu la réussite que l'on connait.

 

Les entrepreneurs eux, quand ils investissent pour l'avenir, savent qu'ils prennent un risque, le risque ultime étant la perte de leur entreprise. Ils s'informent, font leurs études de marché, s'entourent d'experts de leur domaine et pèsent leurs décision avec le plus grand soin.

 

Quelle sera la rentabilité des investissements financés par le grand emprunt ? On peut espérer qu'elle sera au moins supérieure aux intérêts de la dette plus les frais de gestion (dont se nourrira la bureaucratie de l'Etat).

 

Pour l'Etat, il n'y a aucune sanction en cas d'échec de ses investissements et de sa politique industrielle (voir le Plan Calcul). Sauf que c'est toute la France qui a perdu.

 

Sur un autre plan, on constate l'influence néfaste du lobby nucléaire et notamment de l'EDF qui a empêché et empêche toujours l'émergence d'industries solides dans le domaine des énergies durables. La France a pris un retard considérable dans tous ces domaines : le solaire, l'éolien, les batteries, etc .... A titre d'exemple, PSA fait appel à Fujitsu pour les batteries de ses voitures hybrides et Renault s'appuie entièrement sur Nissan pour ses voitures électriques. Actuellement la totalité des batteries lithium-ion est produite par les fabricants japonais, coréens, chinois et Johnson Controls (USA), Sanyo, Sony et Samsung étant les leaders. Autre exemple : les opérateurs de parc éolien allemands appuyés sur une base installée domestique importante, investissent largement en France, ne laissant que des miettes aux opérateurs locaux.

 

Enfin récemment, on apprend qu'Areva est obligée de vendre sa division T&D (transport et distribution) pour pouvoir financer son développement dans le nucléaire. Il apparaît que cette vente va affaiblir financièrement le groupe qui grâce à cette division importante, avait la possibilité de lisser les effets cycliques du marché nucléaire constitué de très gros contrats aléatoires. Au lieu de continuer de bénéficier des flux de trésorerie récurrents (cash flows) provenant de T&D, après cette vente, Areva sera plus dépendante des banques pour atténuer les cycles. L'on observe ici que l'Etat est prisonnier de ses contradictions : a) incapacité de faire son devoir d'actionnaire pour financer le développement d'Areva parce qu'il est impécunieux b) refus de faire appel au marché boursier afin d'éviter de diluer sa participation, supposée stratégique. Le résultat : une entreprise leader affaiblie face à des concurrents comme Siemens ou Toshiba qui ont toute liberté de mettre en oeuvre une stratégie agressive de conquête des marchés.

 

Le fameux FSI semble pour l'instant jouer les pompiers au secours des entreprises en déclin afin de les maintenir sous perfusion un peu plus longtemps jusqu'à ce que l'échec soit irréversible et que les fonds publics soient dilapidés.

 

Nous arrivons à l'évidence avérée depuis des années que l'Etat est incapable d'avoir une politique industrielle durable et saine, de prendre des décisions ayant un sens industriel de long terme. Pendant plus de 10 ans, nos politiciens en avaient pris conscience. Des expériences désastreuses comme le plan calcul les en avaient convaincus. Il a fallu l'arrivée de Nicolas Sarkozy sous l'influence de M. Henri Guaino, homme de l'ombre et gaulliste de gauche sans expérience industrielle, pour que cette idée revienne à la surface.

 

Une fois pour toute, il conviendrait que l'Etat se cantonne dans un rôle de facilitateur et de régulateur et abandonne toute idée d'agir en tant qu'investisseur. L'expérience de l'URSS est là pour nous indiquer où un Etat investisseur peut aboutir.

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